Tester des jeux vidéo pour en trouver les failles, un vrai métier

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éo le 1er mars 2011 à Montréal (Photo : Clement Sabourin)

[07/03/2011 08:14:12] MONTREAL (AFP) Clic, clic, clic! Dans un loft de Montréal, des dizaines de jeunes, concentrés, font vibrer leurs pouces au rythme dicté par leur écran vidéo. Contrairement aux apparences, ce n’est pas un club de jeu, mais une entreprise où l’on travaille dur pour gagner sa vie.

Leur métier: chasseur de bugs. Dans l’univers virtuel de la vidéo ou du multimédia, ils testent les nouveaux jeux pour en découvrir les défaillances.

“On se marre un petit peu, dit un jeune, Jonathan. Mais c’est un travail quand même très sérieux. On doit trouver le bug, on doit trouver ce qui crée le bug.”

La société a été créée en France, en 1998, par Antoine Carre, un informaticien qui se définit comme un “fou de gadgets”.

“On m’a pris pour un fou! Testeur, ce n’était pas un métier”. En 2002, la société s’installe à Montréal, plaque tournante de l’industrie du jeu vidéo. Elle est aujourd’hui présente à Montréal, à Paris et à Chengdu (Chine).

“On s’est lancés avec une planche, deux tréteaux et un ordinateur en pièces détachées”, se souvient Antoine Carre.

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éo à Montréal le 1er mars 2011 (Photo : Clement Sabourin)

L’idée de départ était simple, encore fallait-il y penser. “Il y a une différence entre ce que programme, de manière logique, un développeur, et ce que pratique, de manière illogique, un utilisateur. Nous sommes à la croisée de ces deux univers”.

“En quelques années, Montréal est passée de 800 emplois dans l’industrie du jeu vidéo, à plus de 9.000. Nous avons explosé en même temps”, dit Antoine Carre.

Les plus grands figurent aujourd’hui parmi ses “patients”: Ubisoft, Electronic Arts, Nintendo, Microsoft, Sony…

L’entreprise compte entre 50 et 70 clients dans 26 pays, et gère 200 à 400 projets en même temps. Son chiffre d’affaires se situe autour de 5 millions d’euros.

Tester un jeu ou un prototype peut prendre entre trois et huit mille heures, selon la complexité du produit. Les testeurs travaillent dans 14 langues. Ils viennent de tous les horizons et de tous les pays, la plupart ont moins de 25 ans.

Dans les locaux de Montréal, de jeunes testeurs italiens côtoient des stagiaires polonais ou de jeunes Québécois qui ont connu l’échec scolaire, qui suivent le programme de formation pour devenir testeurs créé par Antoine Carre.

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été Bug Tracker, qui teste des jeux vidéo, le 1er mars 2011 à Montréal (Photo : Clement Sabourin)

“J’ai prêché pendant quatre ans pour ce métier! Depuis trois ans, notre formation cible les jeunes qui ont décroché de l’école et sont sortis de la vie sociale”, explique-t-il.

“On en prend 15, grâce à un partenariat avec le gouvernement du Québec et l’association Intégration Jeunesse, et on les forme pendant 6 mois. À la fin, ce sont de vrais professionnels. Certains restent, d’autres trouvent du travail chez Ubisoft, Electronic Arts… C’est notre fierté: nous avons créé un métier et un réseau.”

David Bilodeau a saisi sa chance: “Je passais 20 heures par jour sur ma console, à dormir le moins possible et à jouer le plus possible.”

Le métier de testeur, même s’il reste mal payé, lui a permis de se réinsérer et lui ouvre de nouveaux horizons: chef de projet, concepteur de jeux… Autant de métiers qui lui semblent aujourd’hui accessibles.

Au plus fort de la saison, l’entreprise emploie 400 testeurs sur trois continents.

“Nous travaillons sur pas mal de jeux qui sont sur les plates-formes PS3, Xbox 360, avec kinekt, et nous avons une forte poussée, une forte demande, de tests d’applications et de jeux disponibles désormais sur iPad, iPod, iPhone, et aussi sur téléphone Android”, énumère l’informaticien.

Dans quelques mois, sa société va encore s’agrandir, avec de nouveaux locaux et une antenne à Tokyo.

La mission des testeurs, spécialistes d’un nouveau genre, est aussi hautement confidentielle. Pas question de révéler le nom du jeu star dont ils sont en train de traquer les défauts.