Après deux ans de rebond, Wall Street prise dans la tourmente du monde arabe

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çade de Wall Street à New York, le 15 février 2011 (Photo : Spencer Platt)

[08/03/2011 06:31:05] NEW YORK (AFP) La Bourse de New York, après deux ans de rebond spectaculaire et quasi ininterrompu, traverse une zone de turbulences, l’envolée des prix du pétrole entraînée par les violences en Libye et dans le reste du monde arabe risquant de saper la reprise de l’économie.

Le lundi 9 mars 2009, en plein marasme économique et financier, l’indice phare de Wall Street, le Dow Jones, finit à son plus bas niveau depuis 1997, à 6,547,05 points. Trois jours plus tôt, il a même touché 6.469,95 en cours de séance.

Ces niveaux marqueront le point bas de la crise pour l’indice boursier.

Depuis, il affiche une progression d’environ 85% et a retrouvé en février ses niveaux de juin 2008, trois mois avant l’effondrement de la banque Lehman Brothers. Le Nasdaq, indice des valeurs technologiques, fait encore mieux, avec un rebond de presque 120%, tandis que l’indice élargi Standard & Poor’s, très suivi des courtiers, a pris 95%.

Requinquée, la place new-yorkaise marque pourtant cet anniversaire en pleine période d’incertitude.

“Le tableau est en train de s’assombrir pour la croissance” des Etats-Unis, estiment les économistes de Goldman Sachs. “Nous avions depuis longtemps pris en compte une hausse importante des cours du pétrole dans nos prévisions, mais leurs gains rapides et continus commencent à nous mettre mal à l’aise”.

Face à l’escalade de la violence en Libye, le baril est passé en trois semaines de 86 dollars à plus de 105 dollars sur les marchés américains. Résultat à Wall Street: une perte d’environ 2,5% du Dow Jones depuis son pic du 18 février.

“Pour l’instant, c’est une correction mineure vu le risque potentiel”, tempère Gina Martin, de Wells Fargo Securities, pour qui la hausse des cours de l’or noir “n’est pas suffisante pour faire dérailler les résultats d’entreprises de la voie de la croissance”.

“Il est difficile de dire si le marché pense que la croissance économique va ralentir, mais oui, cette possibilité le rend nerveux”, poursuit-elle.

Le premier touché est le consommateur, avec des prix des carburants en hausse de 13% depuis fin janvier, selon des données gouvernementales.

Pour l’investisseur, il s’agit de tenter d’évaluer les répercussions de la situation actuelle sur les résultats des entreprises. Les profits des compagnies aériennes, par exemple, sont directement menacés. Les groupes pétroliers pourraient en revanche en profiter.

“Un scénario catastrophe, c’est un prix de l’énergie qui monte, qui monte. Si cela se traduit par une inflation très forte et des mouvements de durcissement monétaire partout dans le monde, vous pouvez avoir une année de correction assez forte”, estime Evariste Lefeuvre, économiste en chef chez Natixis North America.

Mais pour l’économiste, qui continue de tabler sur une année positive à Wall Street, “le marché d’actions reste un marché porteur”, et “si le choc s’avère temporaire, il ne devrait pas briser complètement l’évolution de la reprise”.

La Bourse new-yorkaise a déjà surmonté une épreuve, le Dow Jones chutant de plus de 10% entre avril et juin 2010 avec la crise de la dette en zone euro, qui pour certains n’a pas connu ses derniers épisodes.

Pour Marc Pado, de Cantor Fitzgerald, il s’agissait pourtant “d’une source d’inquiétude bien plus importante”, vu les liens étroits entre les Etats-Unis et ses partenaire européens.

Le marché “court le risque d’une réelle correction en milieu d’année. Mais pour l’ensemble de l’année, je suis optimiste”, poursuit-il, relevant que les sociétés, avec d’importantes réserves de trésorerie, sont bien préparées.

En revanche, “si l’Arabie Saoudite est touchée, avec des vraies perturbations dans les approvisionnements (de brut) et un baril qui monte à 120 dollars, cela aura des répercussions sur le marché”, prévient-il.