««Monsieur le Premier ministre, quel rôle occuperait l’Union générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT) dans les décisions du gouvernement de transition dont vous présidez aux destinées, d’autant plus que l’Union a, ces derniers temps, affirmé sa présence sur le terrain politique à tel point qu’on a fini par la confondre à un parti politique?». La question a été posée à Béji Caïd Essebsi, Premier ministre du gouvernement de transition lors de la conférence de presse organisée lundi 7 mars au Palais de Carthage pour la présentation de la nouvelle composition gouvernementale.
«Pour ce qui est d’être un parti politique, je ne saurais répondre, il faudrait peut-être que ce soit l’UGTT qui y réponde; par contre, ce que je peux assurer, c’est que l’UGTT représente pour nous un partenaire de première importance. Elle a participé au mouvement national de libération, ainsi qu’à la construction de l’Etat moderne et son aide et sa contribution sont toujours souhaitables. Ceci dit, lorsqu’un gouvernement se respecte, c’est lui qui prend toujours les décisions. Parallèlement, il peut mener des concertations avec divers vis-à-vis. En ce qui me concerne, j’ai consulté différentes parties et l’UGTT particulièrement parce que j’estime qu’elle a un rôle important. La situation, comme vous avez dû le remarquer, est aujourd’hui meilleure que celle qu’elle était. Cela ne veut en aucun dire que c’est l’UGTT qui dirige le gouvernement, tant que je serai là, c’est moi qui assurerai ce rôle ainsi que le président de la République».
Voilà pour rassurer toutes les personnes inquiétées de la toute puissance acquise par la centrale syndicale des travailleurs dont les déclarations fracassantes de certains hauts responsables touchant aux affaires politiques de l’Etat ont induit en erreur un grand nombre de Tunisiens quant à sa véritable mission, politique ou sociale.
Les priorités les plus importantes pour le pays seraient, d’après le Premier ministre, d’ordre sécuritaire et politique. Les médias ont dans ce cadre un rôle important à jouer en la matière en étant aussi crédibles, objectifs et professionnels que possible. Informer étant avant tout une responsabilité dans la transmission des informations et la sensibilisation des différents publics par rapport aux différents enjeux politiques, sécuritaires et socioéconomiques du pays. L’ordre public rétabli, le gouvernement s’attaquera aux différents chantiers économiques: «Les investisseurs ne viendront pas dans un pays où la sécurité n’est pas assurée. Cela va venir certainement».
Le Premier ministre a insisté sur le fait que lui et son gouvernement ont assumé leurs missions pour travailler et faire parvenir le pays à bon port. Ce qui implique, juillet prochain, délais désigné pour l’élection d’une Assemblée constitutive qui prendra ensuite le relais et assurera la gestion des affaires de l’Etat.
Ceci dit, doit-on tous s’accorder et systématiquement sur les décisions prises par l’Etat? «Allahou awssa bi Akdhi Ra’iyi al jamaati wa la bil ijmaa» (Dieu a appelé à la contribution de tous sans pour autant exiger l’unanimité sur toutes les décisions prises par la première autorité, a tenu à préciser le Premier ministre). Ce qui implique forcément que certains pans de la société tunisienne désapprouvent quelques décisions prises par le gouvernement. Il n’en demeure pas moins que le gouvernement sera seul responsable et prendra les mesures les plus bénéfiques dans l’intérêt du pays et le peuple tunisien. Béji Caïd Essebsi a déclaré qu’il s’attend à être aussi critiqué que ses prédécesseurs. Cela ne paraît en aucun cas l’effaroucher en homme d’Etat qu’il est.
Pour ce qui est des relations de la Tunisie avec la Libye, le Premier ministre du gouvernement de transition a assuré que les relations ancestrales entre les deux peuples ne sauraient souffrir aucune défaillance d’autant plus que lorsque la Tunisie a eu besoin d’aide, la Libye a répondu présente. La Tunisie est donc prête à accorder toute son aide au peuple du pays voisin sans pour autant interférer dans ses affaires internes.
Béji Caïd Essebsi a essayé de rassurer les médias et à travers eux la population quant à sa volonté de remettre le pays sur pieds et de faciliter le passage vers la transition démocratique. Il a également appelé toutes les composantes de la société tunisienne à faire preuve de vigilance, à avoir confiance dans son gouvernement et sa direction et à reprendre le travail aussi vite que possible. «D’ailleurs, je ne suis pas là pour parler, je suis là pour travailler», a-t-il tenu à affirmer..