Cuba multiplie les accusations de cyberguerre menée par Washington

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Internaute sur son blog, en janvier 2007 (Photo : Jeff Haynes)

[08/03/2011 18:25:45] LA HAVANE (AFP) Les autorités cubaines multiplient depuis quelques jours les attaques contre les Etats-Unis, accusés de créer des réseaux internet pour promouvoir la “subversion” à Cuba, au moment où la justice s’apprête à condamner un Américain jugé à La Havane pour espionnage.

Pour dénoncer la cyberguerre menée par Washington, La Havane utilise notamment depuis plusieurs semaines une tactique qui n’avait plus servi depuis plusieurs années: les révélations d’agents infiltrés dans les rangs “ennemis”.

Troisième exemple de ce type en une semaine, “l’agent Raul”, de son vrai nom Dalexi Gonzalez, est apparu lundi soir à la télévision pour révéler comment en mars 2008 il avait été contacté par des agents américains pour créer un réseau de communication satellite.

Ingénieur en télécommunications, Dalexi Gonzalez montre les équipements électroniques qu’il affirme avoir reçus d’un dénommé Robert Guerra, qu’il identifie comme un responsable de Freedom House, une organisation qui, selon La Havane, serait liée à la CIA (Agence américaine de renseignement) et financée par l’Agence américaine d’aide au développement (USAID) du département d’Etat.

Ce programme télévisé, largement repris par la presse officielle cubaine de mardi, a été diffusé au surlendemain de la fin du procès d’Alan Gross, un Américain arrêté en décembre 2009 à Cuba où il remettait des équipements de télécommunications à des opposants, selon les autorités cubaines.

Le verdict contre l’Américain, qui a affirmé avoir été trompé par ses commanditaires -une entreprise sous-traitante du département d’Etat-, a été placé en délibéré et devrait être rendu dans quelques jours.

Selon le parquet, Alan Gross, contre lequel vingt ans de prison ont été requis, est accusé d’avoir “introduit et développé (à Cuba) un projet subversif visant à renverser la Révolution, avec pour cibles essentielles les jeunes, les centres universitaires, culturels et religieux et les groupes de femmes”.

Washington a reconnu qu’Alan Gross, 61 ans, était employé par une entreprise sous-traitante de l’USAID pour distribuer des ordinateurs et des téléphones portables à la communauté juive de Cuba, dont des représentants ont publiquement démenti tout contact avec lui.

Début mars, un autre programme télévisé avait mis au jour deux autres agents cubains infiltrés, l’un comme journaliste proche des Dames en Blanc, groupe d’épouses des prisonniers politiques, et l’autre comme collaborateur d’Elizardo Sanchez, président de la Commission cubaine des droits de l’homme, organisation illégale mais tolérée.

Les deux hommes, après des années d’infiltration, avaient notamment révélé des informations sur des sources de financement américaines des opposants.

La saga de la cyberguerre américano-cubaine avait commencé en février avec l’apparition sur internet d’une vidéo, présentée comme une “fuite” du ministère cubain de l’Intérieur, où un expert de la sécurité informatique présentait à de hauts responsables les méthodes de subversion américaines.

L’expert identifiait clairement Alan Gross comme un exemple de tentative de création d’une “plate-forme technologique” visant à “articuler un réseau virtuel de mercenaires”, hors de l’opposition traditionnelle.

Pour La Havane, Alan Gross est l’instrument de la nouvelle stratégie de Washington pour développer l’opposition virtuelle, à l’exemple de la blogueuse Yoani Sanchez, contre laquelle se sont montés plusieurs blogs “pro-cubains”.

Washington a réclamé la libération immédiate d’Alan Gross, dont l’arrestation avait mis un coup d’arrêt à un rapprochement entre les deux pays timidement engagé depuis l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche.