à son procès le 8 mars 201, à New York. (Photo : Timothy A. Clary) |
[08/03/2011 21:29:35] NEW YORK (AFP) Le procès du fonds d’investissement Galleon et de son fondateur milliardaire Raj Rajaratnam pour un des plus gros délits d’initié depuis les années 80 s’est ouvert mardi à New York.
Présent à l’audience, M. Rajaratnam, 53 ans, seul accusé dans cette affaire, portait costume sombre et chemise blanche.
Plus d’une centaine de jurés potentiels, six procureurs et sept avocats de la défense étaient présents mardi matin dans une salle d’audience comble.
“Ceci est un long procès, qui devrait durer environ deux mois et demi”, a déclaré le juge Richard Holwell, provoquant des murmures dans la foule des jurés. Il doit en sélectionner douze, plus quelques-uns pour d’éventuels remplacements.
C’est la “plus grosse affaire pénale de délit d’initié impliquant un hedge fund (ndlr: fonds d’investissement à risque)”, avait déclaré auparavant le procureur fédéral de New York, et même le plus gros délit d’initié depuis les années 1980, selon certains médias.
Accusé d’avoir piloté des transactions illégales ayant rapporté “au moins environ 45 millions de dollars”, selon l’acte d’inculpation, le milliardaire originaire du Sri-Lanka comparaît libre, presque 17 mois après son arrestation. Il avait versé une caution de 100 millions de dollars pour être libéré.
Il risque 25 ans de prison et plus de 100 millions de dollars d’amende au total pour 14 chefs d’accusation, liés à des transactions réalisées entre 2003 et 2009. Techniquement, le juge pourrait même lui infliger jusqu’à 205 ans de détention s’il additionne les condamnations au lieu de les cumuler.
Outre les questions d’usage aux jurés pour s’assurer qu’ils n’ont pas d’antécédents judiciaires, le juge Holwell en a posé de plus directement liées au caractère financier du délit.
à son procès le 8 mars 2011, à New York. (Photo : Timothy A. Clary) |
“Ces dernières années, il y a eu de nombreux articles dans les médias sur le rôle que les fonds d’investissement à risque, les banques d’affaires et les patrons de Wall Street qui les dirigent ont joué dans la crise que traverse le pays”, a-t-il dit.
“Bien sûr, beaucoup d’entre nous ont été touchés par la récession, et nous avons tous une opinion sur le fait que certains devraient être tenus pour responsables, et sur qui devrait l’être. Cette affaire n’a rien à voir avec la crise, et encore moins avec les problèmes financiers que nous traversons (…) mais le fait qu’elle implique des patrons, des fonds d’investissement et l’institution financière en général, ne va-t-il pas rendre plus difficile l’énoncé d’un jugement équitable?”, a-t-il demandé aux jurés potentiels.
“Nous savons tous que nombreux sont ceux qui à Wall Street gagnent beaucoup d’argent. Est-ce que ces histoires de riches individus et de transactions impliquant des dizaines de millions de dollars ne vont pas vous rendre la tâche de la justice plus difficile?” a-t-il poursuivi.
M. Rajaratnam, dont le fonds Galleon gérait quelque 3,7 milliards de dollars avant son démantèlement à la suite de son arrestation, figurait au 559e rang du classement des hommes les plus riches du monde dressé par le magazine Forbes en 2009, avec une fortune estimée à 1,3 milliard de dollars.
Selon l’accusation, qui a bâti son dossier sur de nombreuses écoutes de conversations téléphoniques, il avait utilisé des informations confidentielles obtenues de ses nombreuses relations d’affaires pour empocher des gains indus sur toute une série de sociétés cotées, parmi lesquelles Hilton, Google, Clearwire, Akamai et Advanced Micro Devices.
Au moment de son arrestation, M. Rajaratnam avait clamé son innocence, affirmant qu’il allait se “défendre contre ces accusations avec la même intensité et la même précision” que celles consacrées à son travail de gestion.