Le commerce en ligne veut une aide publique

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Le libraire en ligne Amazon.fr (Photo : Alain Jocard)

[09/03/2011 12:47:07] PARIS (AFP) Les acteurs de l’internet, qui s’estiment mal aimés des pouvoirs publics, appellent à des “mesures concrètes” et une vision stratégique de l’Etat pour ce secteur-clé, en arguant du poids économique de cette filière ayant contribué selon eux pour un quart à la croissance de 2010.

Courriels, commerce en ligne, ventes de logiciels, fournisseurs d’accès, fabricants d’ordinateurs, de “box”, de smartphones, services informatiques… ce secteur foisonnant a créé 700.000 emplois en quinze ans et apporté 72 milliards d’euros au produit intérieur brut (PIB) français en 2010, soit un quart de la croissance nationale, selon une étude.

Fort de ces chiffres, publiés dans un rapport du cabinet d’économistes McKinsey financé en grande partie par Google, les acteurs de l’internet (Aufeminin.com, PriceMinister ou encore la start-up pecheur.com…), réunis mercredi pour une table ronde avec le ministre de l’Industrie Eric Besson, réclament du gouvernement un changement de ton.

“Pendant très longtemps, les pouvoirs publics ont tenu un discours de défiance par rapport au numérique, en disant que c’était un secteur à encadrer, à réguler, comme en témoigne les lois adoptées qui visaient à lutter contre le téléchargement illégal, l’usurpation d’identité ou encore les évasion fiscales par le biais de la taxe dite Google sur la publicité en ligne”, juge Benoît Tabaka, secrétaire général de l’Association des services internet communautaires.

“A aucun moment, on n’a eu des textes de loi pour soutenir le développement du numérique alors qu’on en a aujourd’hui besoin !”, a-t-il estimé.

La France se classe 17e des pays de l’OCDE en matière de “connectivité internet”, loi derrière la Grande-Bretagne (4e) et l’Allemagne (13e), selon le rapport McKinsey, qui souligne pudiquement qu’il existe “clairement des marges de progression” et appelle la France à prendre exemple sur d’autres pays pour “fonder une authentique politique de développement du numérique”.

Les “retards” de la France s’expliquent notamment par des usages plus faibles, par les petites et moyennes entreprises (PME) mais aussi par le secteur public, notamment les administrations.

Le rapport appelle le gouvernement à prendre toute une série de mesures concrètes illustrant “une vision stratégique de long terme au plus haut niveau de l’Etat, clarifiant les priorités d’investissement à court, moyen et long terme”: inciter le privé à investir, soutenir l’innovation, encourager la concurrence, former la population, mais aussi les entreprises, aux nouvelles technologies…

C’est cette vision, qui, selon les acteurs de l’internet, fait aujourd’hui cruellement défaut.

“A un niveau paneuropéen, il manque une vision industrielle, et une stratégie industrielle de l’internet. Pourquoi n’y a-t-il pas de Silicon Valley en Europe, pourquoi les ingénieurs français et européens, les ingénieurs français notamment qui sont parmi les meilleurs au monde, partent-ils là-bas?”, s’interroge ainsi le PDG de Google France, Jean-Marc Tassetto, dans un entretien à l’AFP.

“J’ai bon espoir que le fait de présenter cette étude avec Eric Besson, ministre de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, ça veut déjà dire qu’il s’approprie ces interrogations et va probablement avoir envie de lancer des projets et de trouver des solutions. Je pense que la présentation de cette étude peut déclencher quelque chose de très positif”, a-t-il conclu.