Enfin ouf, ouf, ouf… Quel soulagement, les Tunisiens respirent … et pour cause. Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti au pouvoir depuis vingt trois ans, n’existe plus. Ainsi en a décidé une juridiction tunisienne en prononçant, mercredi 9 mars 2011, un jugement qui vient consacrer sa suppression et, partant, son illégalité.
Il s’agit de toute évidence d’une excellente nouvelle et d’un grand acquis de la Révolution tunisienne qui vient s’ajouter à ceux de l’institution de l’amnistie générale, la suppression de la Police politique, de la séparation des partis de l’Etat, de l’institution de fait de l’indépendance de la justice et de la liberté de presse.
Avec l’élimination de ce parti politique, qu’on qualifie, en Tunisie, de «pieuvre géante», le Tunisien pourra, désormais, clamer avec fierté et en toute liberté son appartenance à ce pays et se targuer d’être un homme véritablement libre et digne de cette révolution bénie.
Faut-il rappeler que le RCD n’avait rien d’un parti. Il n’était pas comme son appellation le suggère ni un parti démocratique ni un parti constitutionnel. Avec son omniprésence dans les entreprises (cellules professionnelles), dans les quartiers, villages, villes et agglomérations (cellules territoriales et autres structures, comités de quartier, associations d’amitié avec les pays frères et amis, associations professionnelles, fédérations, comité central, bureau politique…), c’était tout juste, avec ces deux millions d’adhérents-indicateurs, un mécanisme stalinien de quadrillage, de répression et de délation de basse facture.
Le RCD était également tout juste un gardien du temple. Il n’avait ni projet politique, ni projet social, ni projet culturel, ni projet économique …
Et pour preuve, lors des fameux congrès du RCD, ce parti, contrairement aux autres mouvements politiques du monde entier, n’a jamais proposé ni idées, ni nouvelles stratégies, ni projets de société; il n’a fait qu’entériner la politique du gouvernement laquelle consacrait de manière scandaleuse, non seulement, la dépendance du pays, mais également l’indigence des communautés rurales et suburbaines.
Au quotidien, ce parti avait une dimension mafieuse. Forts de l’identité parti-état, les responsables du RCD (présidents des cellules) et de l’administration (gouverneurs, délégués, omdas…), étaient des raquetteurs. Tout commerçant, industriel, simple citoyen devait remettre, régulièrement, et sans aucun contrôle, de l’argent à ces responsables, de peur de subir les conséquences de leur ire, lesquelles vont jusqu’à leur privation de leur source de revenu.
Dans les campagnes, omdas, cellules territoriales, comités de village, faisaient la pluie et le beau temps. Toutes les autorisations et aides passaient par le RCD: bourses scolaires, aides aux personnes de troisième âge, microcrédits…
Autre image du RCD qu’on n’oubliera pas de sitôt: le faste avec lequel les constitutionnels démocrates célèbrent les anniversaires du 7 Novembre. De mémoire de journaliste, c’était de l’hérésie; l’argent dépensé à cette fin aurait suffi pour financer des stratégies de développement régional de grande envergure. Malheureusement, ce n’était pas le souci majeur de ce parti oppresseur. .