L’Argentine ferme ses portes à la poupée américaine Barbie

photo_1299737673171-1-1.jpg
ée Barbie dans un magasin de jouets de Buenos Aires le 9 mars 2011 (Photo : Daniel Garcia)

[10/03/2011 06:21:59] BUENOS AIRES (AFP) L’Argentine a fermé mercredi ses portes à tous les produits du fabricant de jouets américain Mattel, dont la poupée Barbie ou les voitures Hot Wheels et Cars, dans le cadre d’une nouvelle série de mesures protectionnistes.

L’Administration fédérale des impôts (AFIP) a annoncé qu’elle avait “suspendu ce jour (mercredi) l’importatrice de jouets Mattel car la société n’avait pas présenté les certificats d’origine dans 39 cas”. Mattel “a commis une faute grave”, a ajouté l’AFIP dans un communiqué.

Les importations de Mattel, leader mondial des jouets avec un chiffre d’affaires de 5,8 milliards de dollars (4,1 mds d’euros) en 2010, représentent en Argentine 7,5 millions de dollars (5,3 millions d’euros).

Mais contrairement au président vénézuélien Hugo Chavez, qui considérait que Barbie était “l’ultime reflet de la décadence de l’empire américain”, Mme Kirchner semble suivre une logique toute économique dans un contexte électoral.

“Le gouvernement a deux objectifs: l’un avoué, l’autre implicite”, explique à l’AFP Dante Sica, directeur de l’institut d’analyses Abeceb: “Le premier vise à protéger les industries locales. Le deuxième cherche à préserver l’équilibre de la balance commerciale en pleine année électorale”.

L’industrie argentine des jouets est l’une des plus protégées par le gouvernement de la présidente Cristina Kirchner.

photo_1299737993392-1-1.jpg
ées Barbie exposées dans un magasin de jouets de Buenos Aires le 9 mars 2011 (Photo : Daniel Garcia)

L’élection présidentielle doit avoir lieu en octobre. Mme Kirchner n’a pas encore annoncé si elle comptait se représenter.

Les jouets fabriqués en Argentine représentent plus de 30% du total, contre environ 5% en 2003 au début du mandat de Nestor Kirchner (2003-2007), le mari et prédecesseur de l’actuelle présidente, décédé en octobre 2010.

Le gouvernement a annoncé toute une série de mesures protectionnistes pour tenter de freiner la baisse de l’excédent commercial, qui a chuté de 58% pendant le seul mois de janvier 2011.

Le solde, positif, était de 16,9 milliards de dollars (12,1 mds d’euros) en 2009 contre 12,5 milliards de dollars (9 mds d’euros) seulement en 2010.

“L’excédent commercial étant la seule source de devises étrangères, il s’agit non seulement de protéger les industries locales, mais aussi de diminuer la pression sur la taux de change dans une année électorale”, a dit pour sa part à l’AFP Diego Giacomini, de l’institut Economie et Régions.

La Banque centrale argentine mène une politique visant à garder le dollar à 4 pesos. Il s’agit d’une arme dans la lutte contre une inflation annuelle de près de 30% selon les économistes indépendants et de 10% selon les statistiques officielles soupçonnées d’être manipulées.

Les nouvelles mesures protectionnistes concernent 45.000 produits, selon Abeceb, dont des textiles chinois et des voitures Chery assemblées en Uruguay.

Le chef de la diplomatie uruguayenne, Luis Almagro, a déclaré mercredi qu’il attendait de l’Argentine qu’elle apporte “une solution définitive” au problème.

Son homologue argentin, Hector Timerman, a reçu en même temps le vice-ministre des Affaires étrangères chinois Li Jinzhang, et a assuré que la Chine et l’Argentine “avaient des exportations et des importations fluides”.

La Chine avait imposé en 2010 des restrictions aux importations d’huile de soja, dont le pays sud-américain est le premier exportateur mondial, en représailles contre les mesures protectionnistes prises par l’Argentine frappant les produits électroménagers et le textile chinois.

Mme Kirchner a dévoilé le 24 février une “stratégie industrielle pour 2020” se fixant pour objectif une baisse de 45% du niveau des importations.