é Luis Rodriguez Zapatero à Madrid le 8 mars 2011 (Photo : Pedro Armestre) |
[10/03/2011 09:22:14] MADRID (AFP) L’agence de notation Moody’s a décidé jeudi d’abaisser d’un cran la note souveraine de l’Espagne, à “Aa2” contre “Aa1” auparavant, avec perspective négative, se disant toujours sceptique sur la capacité du gouvernement à améliorer les finances du pays.
L’agence, qui avait déjà retiré fin septembre 2010 sa note maximale “Aaa” à l’Espagne, avait ensuite prévenu en décembre qu’elle envisageait d’abaisser à nouveau la note, en raison de ses “besoins élevés de refinancement en 2011” qui rendent le pays susceptible de connaître de nouvelles périodes de tension pour se financer sur le marché.
Avec une note “Aa2”, l’Espagne reste toutefois bien notée.
Dans un communiqué, Moody’s donne deux raisons à sa décision: la première, son sentiment que “le coût éventuel de la restructuration bancaire dépassera les estimations actuelles du gouvernement, entraînant une nouvelle hausse du taux de dette publique”.
En conséquence, l’agence dégrade également d’un cran le fonds public spécial d’aide au secteur, le Frob, à “Aa2” contre “Aa1” auparavant, avec perspective négative, “car la dette du Frob est entièrement et inconditionnellement garantie par le gouvernement espagnol”.
Deuxième motif pour baisser la note de l’Espagne, “les inquiétudes persistantes de Moody’s sur la capacité du gouvernement espagnol à parvenir à la nécessaire amélioration structurelle et durable des finances gouvernementales, compte tenu des limites du contrôle du gouvernement central sur les finances des gouvernements régionaux et du contexte de croissance économique seulement modérée à court et moyen terme”.
“Le chemin de la consolidation budgétaire reste flou pour certains gouvernements régionaux en Espagne”, s’inquiète Moody’s.
L’économie espagnole, engagée dans un processus d’assainissement de ses comptes, a atteint fin 2010 des niveaux de déficit (9,24% du PIB) et de dette publique (60%) légèrement meilleurs que prévu, même si les finances régionales restent préoccupantes.
Le déficit des 17 régions autonomes est ainsi en hausse, à 2,83% du PIB après 1,92% en 2009, et surtout, il dépasse largement l’objectif officiel de 2,4%.
Fin 2010, une région était “très légèrement” au-dessus de 2,4% (Andalousie, 2,74%), quatre ont atteint un déficit “significativement” éloigné de l’objectif, entre 3,07% et 3,25% (Aragon, Navarre, La Rioja et la Communauté de Valence), et quatre autres ont affiché un chiffre “considérablement” supérieur, de 3,86% à 6,22% (Catalogne, Iles Baléares, Murcie et Castille-La-Manche), selon le gouvernement.
Cette annonce survient le jour même où la Banque d’Espagne doit communiquer sur les besoins de financement des banques et caisses d’épargne espagnoles pour répondre aux nouvelles exigences des autorités en termes de solvabilité.
Sur l’enveloppe globale dont a besoin le secteur, les chiffres divergent: l’estimation du gouvernement de 20 milliards d’euros (après 12 milliards de fonds publics en 2010) est jugée trop optimiste par le marché, dont les évaluations vont jusqu’à 50 milliards environ.
“Moody’s pense que le coût total devrait être plus proche des 40-50 milliards”, écrit ainsi l’agence.