A l’instar de l’ensemble –ou presque- du monde, le Maroc n’a pas échappé au mouvement, même s’il a été de moindre ampleur. Mais, le roi Mohammed VI, estimant sans doute que cela ne devrait tarder, et surtout après s’être resté de marbre depuis la manifestation du 20 février dernier, s’est adressé mercredi soir (9 mars 2011) à son peuple, en promettant une réforme constitutionelle grandeur nature. Est-ce que cela suffira à clamer les esprits? Les prochains jours voire les mois à venir nous le diront.
Dans son discours, il a notamment annoncé une importante «réforme constitutionnelle globale», laquelle prévoit entre autres «l’élargissement des libertés individuelles et collectives».
Voici quelques extraits de ce discours qui était tant attendu par les Marocains.
Tout d’abord, le roi indique: «Nous avons décidé d’entreprendre une réforme constitutionnelle globale». Ensuite, il souligne son «engagement ferme de donner une forte impulsion à la dynamique réformatrice profonde (…) en cours». Et comme le Général De Gaulle, Mohamed VI a promis que cette réforme constitutionnelle sera soumise à «un référendum populaire».
Et le roi d’énumérer sept fondements de ses réformes démocratiques, notamment la reconnaissance constitutionnelle pour la première fois de la composante berbère «amazigh», le «renforcement du statut du Premier ministre», et la «volonté d’ériger la justice en pouvoir indépendant».
Toujours au chapitre du “Premier ministre“, celui-ci sera issu, selon la prochaine constitution, du «parti politique arrivé en tête des élections de la première Chambre du parlement marocain». Et, «en tant que chef d’un pouvoir exécutif effectif», ce Premier ministre sera «pleinement responsable du gouvernement, de l’administration publique (…) et de la mise en œuvre du programme gouvernemental». En clair, on se dirigerait, au Maroc, vers une monarchie constitutionnelle, à la britannique.
La prochaine –et inévitable- réforme constitutionnelle proposera également une «consolidation de l’Etat de droit (…), l’élargissement du champ des libertés individuelles et collectives (…) ainsi que le renforcement du système des droits de l’homme dans toutes leurs dimensions». Dans le même ordre d’idées, il sera également question de la régionalisation dans le royaume, «avec en tête les provinces du Sahara marocain», c’est-à-dire le Sahara occidental.
Pour joindre l’acte à la parole, le Roi Mohammed VI a confié la présidence de la commission ad hoc pour la révision de la Constitution à Abdeltif Mennouni, professeur de droit constitutionnel et président de l’Association marocaine de droit constitutionnel. Egalement membre de l’Instance Equité et Réconciliation et membre du Conseil constitutionnel, M. Mennouni a édité plusieurs ouvrages, entre autres, “Institutions politiques et droit constitutionnel”, “Histoire des idées politiques”, “Le syndicalisme ouvrier au Maroc” et “L’Union nationale des étudiants du Maroc”.
La presse locale a donné de larges échos à ce discours. Ainsi, “Le Matin du Sahara et du Maghreb“, note que «le discours prononcé du roi Mohamed VI n’a pas son équivalent dans l’histoire du Maroc. Il appartient à cette série d’actes fondateurs, une profession de foi, mélange de cœur et de raison que la mémoire retiendra». «Le discours du Souverain marque un tournant dans la vie politique du pays», écrit “L’Economiste“, en ajoutant que «c’est un discours fort, proactif qui dessine l’architecture institutionnelle du Maroc d’aujourd’hui et de demain». «Ce discours marque un nouveau chapitre du règne de SM le Roi Mohammed VI. Avec le transfert d’une partie des pouvoirs vers les présidents des régions, avec un Premier ministre élu démocratiquement et comptable de ses décisions, le chantier qui s’ouvre offre une opportunité unique au pays de rassembler ses forces au profit d’un projet équitable…», souligne “Le Soir Echos“ dans son éditorial.