Alors que le calme s’installe peu à peu en Tunisie, on table sur un redémarrage de l’activité économique. Un redémarrage qui a été, pour une période assez longue, entravé par les troubles sociaux. Des troubles qui ont amené les chefs d’entreprise à faire des «concessions» pour la reprise du travail. «J’ai eu trois jours d’arrêt dans mon entreprise. J’ai été obligé de céder sur certains points pour que le travail reprenne», s’indigne un investisseur néerlandais dans le secteur textile/habillement. Présent en Tunisie depuis 19 ans, il emploie 200 personnes dans la région du Kef et affirme que cette situation a amoindri sa motivation pour des investissements futurs.
Lors d’une rencontre, tenue le 10 mars 2011 au CETTEX, entre la Fédération nationale du textile, la Chambre tuniso-néerlandaise de commerce et de l’industrie, Habib Hazami, président de la Fédération générale du textile et habillement au sein de l’UGTT, a affirmé que les négociations sociales porteront sur une augmentation de 5 à 10% des salaires alors que les employés en demandaient 15%. «Nous avons dépassé la question actuellement. On a pu contrôler les employés. Il n’y a plus de grèves sauvages. Je ne vous cache pas qu’il était difficile, au début, de maîtriser toute cette masse. Les négociations sociales ne seront plus des négociations où on connaît déjà les réponses. La transparence sera de rigueur», confie-t-il.
Pourtant, un investisseur tunisien a un autre avis, totalement opposé, allant jusqu’à appeler l’Etat à gèle les négociations sociales pour l’année 2011.
De son côté, Abdelaziz Dahmani, président de la FENATEX, indique qu’il s’agit d’une période transitoire, et appelle au calme et à la confiance en la capacité des Tunisiens à dépasser les difficultés. Mais ces propos nr semblent pas atténuer l’inquiétude des investisseurs. «En Europe, on n’a pas beaucoup de temps à perdre. On veut investir dans des marchés stables et viables. Alors, il faut communiquer sur la situation en Tunisie et rassurer les Européens. Les clients veulent que la situation soit bien claire. Pour mon cas, j’ai négocié difficilement mes contrats et mes commandes», lance un investisseur néerlandais.
D’autres problèmes mettent à mal la relation entre le chef d’entreprises et ses employés. On évoque le problème d’absentéisme qui impacte l’activité des entreprises, tenues par des délais de livraison très serrés. La saisonnalité du secteur est aussi un handicap auquel il est urgent de trouver le remède nécessaire. Sur cette question, Samir Haouet, directeur général du CETTEX, a insisté sur l’importance de la gestion des ressources humaines au sein des entreprises. «La majorité des entreprises ne possède pas de responsable RH alors qu’il s’agit d’une nécessité pour maintenir le dialogue avec les employés et pour instaurer la paix sociale», ajoute-t-il. Il indique que le projet d’un label social tunisien sera prochainement mis en œuvre, une chose qui n’était pas possible auparavant.