à Sotteville-lès-Rouen (Photo : Robert Francois) |
[10/03/2011 17:58:22] PARIS (AFP) Des centaines de cheminots se sont rassemblés jeudi dans des gares de triage à l’appel de la CGT pour réclamer un débat national sur la situation du fret ferroviaire, qui perd du terrain en dépit des objectifs ambitieux assignés au Grenelle de l’environnement.
Au triage de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), dont la fermeture est programmée le 1er avril, entre 250 et 500 agents étaient présents sous une bannière proclamant: “Moins de camions, plus de wagons, le triage SNCF doit vivre”.
“Dans les années 2000, la SNCF représentait environ 22% du trafic de marchandises. Aujourd’hui, elle ne représente plus que 12%”, a déclaré sur place Gilbert Garrel, secrétaire général de la CGT-cheminots.
La concurrence, introduite en 2006, “est loin de compenser ces pertes de trafic, donc au final il y a de plus en plus de camions sur les routes”, a déclaré à l’AFP Thierry Nier, responsable fédéral.
La Fnaut (Fédération nationale des usagers des transports) fait le même constat: “le volume du fret ferroviaire ne cesse de s’amenuiser”. Et de citer des chiffres éloquents: le volume transporté est passé de 56 milliards de tonnes/kilomètre en 2000, à 42 en 2007 et 26 en 2009.
Ce qui fait dire à la Fnaut que l’objectif acté dans la loi Grenelle 1 d’avoir 25% des marchandises transportées à l’horizon 2022 par le rail et le fluvial “était une douce rêverie”. Un avis partagé par nombre de cheminots.
Cette semaine, Pierre Blayau, le patron de Geodis, la branche Fret (ferroviaire et routier) de la SNCF, a pourtant affirmé dans le Figaro “confirmer cet objectif” de 25%, “mais à condition que l’on en donne les moyens aux dix entreprises ferroviaires qui opèrent en France”.
Blayau a pointé un manque de sillons (créneaux de circulation) disponibles ou l’attente du coup d’envoi des autoroutes ferroviaires et déploré “l’autorisation des camions de 44 tonnes”.
Face à des pertes chroniques de plusieurs centaines de millions d’euros par an par le fret ferroviaire de la SNCF et une volonté affichée par le gouvernement de relancer ce mode de transport, un “engagement national pour le fret ferroviaire” avait été annoncé en septembre 2009.
Ce plan prévoit des investissements à hauteur de 7 milliards d’euros: la SNCF s’est engagée à hauteur d’un milliard, modifiant son offre en privilégiant les trains massifs (un seul client), les autoroutes ferroviaires et la grande vitesse, et délaissant une partie du trafic de proximité jugée non rentable (wagon isolé).
“La SNCF réduit son offre de proximité et parie sur un gain de trafic sur la route grâce aux TGV fret mais ces derniers n’arriveront pas avant 2020-2022”, estime Thierry Nier (CGT). “Des centaines de gares de fret ont été fermées en dix ans, mais l’outil de travail est toujours là, il faut s’en servir”, plaide-t-il.
Syndicats de cheminots, mais aussi associations écologistes et élus de gauche, rassemblés dans le collectif “Sauvons le fret”, estiment aussi que l’objectif du Grenelle ne sera pas atteint.
A Saint-Jory, près de Toulouse, quelque 250 agents étaient réunis selon Philippe Verdeil, un responsable local, selon lequel “en 2000, quelque 2.000 wagons étaient triés chaque jour dans cette gare contre 50 aujourd’hui”.
Ils étaient 250 cheminots à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), 150 à Mulhouse, 200 à Dijon et 250 à 300 à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime).
Parfois des élus de gauche étaient à leur côté comme à Woippy (Moselle) et Lyon où Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, a lancé: “il faut que l’engagement toujours affirmé en faveur du fret se traduise dans les faits”.