Luxe : les marques de prestige convoitées par les grands noms du secteur

photo_1299843147952-1-1.jpg
écembre 2006 (Photo : Filippo Monteforte)

[11/03/2011 11:38:23] PARIS (AFP) Les esprits s’échauffent dans le monde du luxe après le rachat du joaillier Bulgari par LVMH et les analystes boursiers s’interrogent sur les prochaines manoeuvres dans ce secteur où les grandes marques “indépendantes” se raréfient mais font plus que jamais rêver.

Tod’s, Tiffany, Burberry, Chopard, Armani, quelques autres aussi de moindre notoriété comme Coach, Longchamp: autant de maisons prestigieuses qui font figure de proies potentielles et aiguisent les appétits des grands du milieu en quête de nouveaux relais de croissance.

Tous sont désireux de profiter du formidable attrait qu’elles exercent sur la clientèle asiatique, chinoise et indienne notamment.

Assistera-t-on à une course aux grandes marques comme on l’a vu dans les années 2000, marquée par une consolidation du secteur et la création de géants (Richemont, Swatch, PPR, LVMH…)?

Numéro un mondial, LVMH, propriété du milliardaire Bernard Arnault, a signé cette semaine la plus grosse opération depuis près de 10 ans, en mettant plus de 4 milliards d’euros sur la table pour s’offrir l’italien Bulgari.

Le prix est élevé mais il s’explique par “l’effet rareté”, soulignent les analystes de CM-CIC.

photo_1299843240799-1-1.jpg
ès un défilé de prêt-à-porter à Milan le 25 septembre 2010 (Photo : Giuseppe Cacace)

Tous les experts boursiers du luxe s’accordent pour le dire: les envies de rachats ne manquent pas, les moyens financiers existent dans les grands groupes mais les proies deviennent de plus en plus rares et difficiles à convaincre.

L’exemple d’Hermès, en lutte depuis l’automne pour se prémunir d’être progressivement avalé par LVMH, montre combien ces marques, jalouses de leur indépendance et de leur structure familiale, sont souvent hostiles à de telles acquisitions.

“Vous avez deux optiques: soit le refus pur et simple comme la maison Chanel qui est intouchable, soit une position plus mitigée avec des actionnaires aux intérêts devenus divergents dans le temps, susceptibles de se diviser”, estime François Arpels, de la banque d’affaires Bryan Garnier.

“Les prédateurs parient souvent sur des dissensions parmi les héritiers, avec l’envie de certains de solder l’héritage d’arrière grands-parents pour récupérer des liquidités”, explique un spécialiste du secteur sous couvert d’anonymat.

Parmi les marques prestigieuses qui pourraient faire l’objet de convoitises de la part de grands groupes, les analystes citent en tout premier lieu la maison de prêt-à-porter britannique Burberry, cotée sur le marché londonien et dont le capital est très éclaté.

“Il s’agirait d’un investissement de 7 milliards d’euros soit quasi le double de celui de Bulgari (…). Rares sont les groupes pouvant se permettre une acquisition de telle ampleur”, indiquent les analystes d’Aurel.

“Des Chinois seraient sur les rangs en train d’étudier le dossier de cette maison très bien introduite en Asie”, a indiqué un spécialiste du luxe prévoyant une très prochaine arrivée de capitaux asiatiques dans le capital de grandes marques de luxe.

Le chausseur italien Tod’s pourrait être également une cible: son propriétaire Diego Della Valle apparaît petit à petit moins engagé dans sa gestion, selon le même spécialiste qui pointe aussi ses liens étroits avec Bernard Arnault.

Premier signe d’une ouverture du capital, mi-décembre 2010, 10% du groupe de mode italien a été cédé à des investisseurs.

Le joaillier américain Tiffany est également régulièrement cité comme une marque susceptible d’être rachetée prochainement. Elle offre un intérêt non négligeable pour un acquéreur qui souhaite se renforcer sur le marché américain, a indiqué M. Arpels.

A côté de ces grandes marques figurent une foison de noms moins connus mais qui pourraient également faire l’objet de grandes manoeuvres comme le maroquinier français Longchamp, la maison Brioni, Loro Piana… sans compter les horlogers suisses de prestige.