à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[14/03/2011 13:49:56] BRUXELLES (AFP) Le nouveau Premier ministre irlandais, qui espérait assouplir les conditions du sauvetage financier de son pays l’an dernier, est reparti bredouille samedi d’un sommet européen et se retrouve en plein bras de fer avec ses partenaires sur la fiscalité avantageuse de l’île.
Si Athènes, qui avait également eu besoin d’une aide financière l’an dernier, a bien obtenu la baisse des taux d’intérêt payés pour les prêts octroyés par ses partenaires européens, cela n’a pas été le cas de Dublin.
Les Irlandais “n’ont pas rempli toutes les conditions donc ils ne peuvent bénéficier d’un taux réduit pour le moment”, a déclaré à l’issue du sommet le président de l’UE, Herman Van Rompuy.
Le leader du Fine Gael (centre) Enda Kenny, nommé Premier ministre irlandais cette semaine, avait fait son argument de campagne électorale de la renégociation du plan de sauvetage de 85 milliards d’euros mis sur pied pour l’île en novembre, aux conditions jugées trop “punitives”.
Pour son premier sommet avec les autres dirigeants européens, il n’a pas manqué de réclamer une réduction des taux d’intérêts des prêts (5,8% en moyenne), ainsi qu’une extension de leur durée de remboursement.
Mais les concessions proposées en échange par Dublin n’ont “pas encore vraiment satisfait” ses partenaires, a souligné la chancelière allemande, Angela Merkel.
Les discussions, décrites par des diplomates comme “intenses”, voire carrément “difficiles”, ont achoppé sur la question de l’impôt irlandais sur les sociétés, l’un des plus faibles d’Europe.
A seulement 12,5%, il est considéré par beaucoup d’autres pays comme du dumping fiscal et un encouragement aux délocalisations de sociétés dans l’île.
“Il a été spécifiquement envisagé de demander à l’Irlande de faire un geste” sur la question, a indiqué le président français Nicolas Sarkozy, mais “satisfaction n’a pas été obtenue. Donc la renégociation des prêts a été engagée et conclue pour la Grèce, mais ne l’a pas été pour l’Irlande”.
Enda Kenny a refusé catégoriquement une hausse du taux ainsi qu’une élargissement de l’assiette fiscale, la base sur laquelle l’impôt est calculé.
La question est il est vrai très sensible pour l’île: sa fiscalité avantageuse avait été pour beaucoup dans la forte croissance affichée avant la crise par celle qu’on appelait encore le “tigre celtique”.
“D’autres pays sont soucieux de préserver leur spécificité fiscale”, a reconnu Nicolas Sarkozy. Mais “ces pays ne demandent pas aux autres de participer au financement de leurs plans” d’aide.
Les difficultés des banques irlandaises ont fait grimper le déficit du pays à un niveau astronomique, 32% de son PIB l’an dernier, provoquant la défiance des marchés et obligeant Dublin à réclamer une aide extérieure vécue comme une humiliation nationale, au point de faire tomber le gouvernement.
“Le président français a des idées plutôt claires sur le sujet de l’impôt sur les sociétés depuis un moment. Mais moi aussi”, a réagi samedi Enda Kenny.
Il a estimé avoir montré “la force du mandat” octroyé par ses électeurs.
Mais aussi qu’il était un homme avec lequel il allait falloir compter: il a promis qu’il continuerait de se battre durant “des semaines” pour défendre le taux d’imposition des sociétés implantées en Irlande, et prévenu que les discussions sur l’allègement du plan d’aide “vont se poursuivre intensément”.
La prochaine manche est prévue dès mercredi. La Commission européenne présentera alors des propositions pour harmoniser l’assiette de l’impôt sur les société dans l’UE.