Quels sont les risques encourus par le parc nucléaire français?

photo_1300113309999-1-1.jpg
éaire en construction à Flamanville dans le nord de la France, le 8 mars 2011 (Photo : Kenzo Tribouillard)

[14/03/2011 14:38:08] PARIS (AFP) Etat des lieux du parc nucléaire français: la majorité des 58 réacteurs ont été mis en service dans les années 80 et si les réels accidents sont très rares, des centaines d’anomalies y sont en revanche recensées chaque année, parfois liées aux risques naturels.

– Les centrales nucléaires françaises sont-elles âgées?

Le parc français, le 2ème après celui des Etats-Unis, compte actuellement 58 réacteurs en service répartis sur 19 sites.

Les premiers d’entre eux ont été mis en service dans les années 70 et la plus ancienne centrale est celle de Fessenheim (Haut-Rhin), qui a déjà 33 ans. Mais la plupart des centrales l’ont été dans les années 80 comme Gravelines (Nord), Flamanville (Manche) ou encore Cattenom (Moselle).

Les plus récentes sont Chooz (Ardennes) en 2000 et Civaux (Vienne) en 2002.

Actuellement, un réacteur EPR de troisième génération, le premier en France, est en construction à Flamanville.

– Certaines sont-elles trop âgées?

photo_1300113077064-1-1.jpg
éaires françaises en service (Photo : null)

EDF, unique producteur d’électricité nucléaire dans l’Hexagone, estime la durée de vie des réacteurs en service à au moins 40 ans.

Des organisations écologistes et anti-nucléaires contestent cette analyse. Le réseau Sortir du nucléaire estime ainsi que le parc français est “vieillissant” et dénonce “une inévitable dégradation de la sûreté”.

“Trente ans de fonctionnement, c’est peu quand on compare à ce qui se passe à l’étranger. Aux Etats-Unis, plusieurs dizaines de réacteurs ont dépassé les 40 ans”, a estimé samedi André-Claude Lacoste, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

C’est l’ASN qui assure, au nom de l’Etat, le contrôle de ces installations. En juillet 2009, l’ASN avait donné un feu vert de principe à une prolongation jusqu’à 40 ans de l’exploitation des réacteurs de 900 mégawatts, les plus anciens, sous réserve d’une évaluation au cas par cas.

En décembre 2010, à l’issue d’un “réexamen de sûreté”, l’ASN a donné dix années supplémentaires au réacteur n° 1 du Tricastin (Drôme), qui pourra ainsi fonctionner jusqu’à 40 ans au total.

L’examen est en cours pour le réacteur n° 1 de Fessenheim.

– Les accidents sont-ils fréquents?

Les “accidents” restent rares en France. Les deux plus graves jamais signalés étaient classés au niveau 4 de l'”échelle internationale des événements nucléaires” (INES), qui en a 7. Ils sont survenus dans la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) en octobre 1969 et en mars 1980 avec, dans les deux cas, un début de fusion des combustibles.

De nombreuses “anomalies” (niveau 1), voire des “incidents” (niveaux 2 et 3), sont en revanche signalés chaque année.

Pour 2009, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a ainsi recensé 713 “événements significatifs pour la sûreté”, en hausse de 14% par rapport à 2008 et une augmentation quasi constante depuis 2005.

Dans 85% des cas, ils étaient liés à une erreur humaine.

Selon Greenpeace, ces incidents ou accidents sont “souvent sous-évalués” et “parfois évités de justesse”.

– Les centrales sont-elles vulnérables aux risques naturels?

Ces risques (crues, inondations, séismes, etc.) sont pris en compte dès la conception mais les dispositifs ne sont pas infaillibles.

Le dernier incident en date, en 2009, était lié à une crue du Rhône: l’obstruction soudaine par des végétaux charriés par le fleuve de la station de pompage chargée de refroidir le réacteur n°4 de Cruas (Ardèche).

Un incident classé niveau 2 qui a privé durant dix heures ce réacteur de sa source de refroidissement principale.

Quant aux séismes, si la France est loin d’être une zone à risques comme le Japon, ils sont également pris en compte. Pour évaluer cet “aléa”, on recense les secousses passées pour évaluer la magnitude du séisme maximal ayant touché la zone de mémoire d’homme. Et on ajoute 0,5 pour calculer la norme retenue pour la centrale.

Par exemple, la centrale de Fessenheim a été conçue pour résister à un séisme d’une magnitude de 6,7, supérieur à celui de 1356 à Bâle (Suisse), qui avait atteint un niveau de 6,2.