Faire partie de la Commission de préservation des acquis de la Révolution, de la
réforme politique et de la transition démocratique!
Trois revendications et du linge sale lavé en privé! Juste un mot pour les
journalistes et c’est fini; l’essentiel des débats (le plus croustillant) se
déroulera à huis-clos. C’est ce qu’a décidé, dimanche 13 mars, l’Association des
magistrats tunisiens (AMT). Incompréhensible, diront certains qui crient à la
préservation de l’esprit de la Révolution et qui se demandent ce que les
magistrats ont de si secret à cacher!
Pourtant, nos sources au sein de l’AMT nous ont confié qu’il n’y a rien de
diabolique dans la décision (quasi collective, soit dit en passant) de tenir
leur Assemblée générale extraordinaire à huis-clos. Selon ces sources, la
décision a été prise parce qu’il était tout à fait prévisible que cette
assemblée (la toute première après la Révolution) allait mettre beaucoup de noms
et donc beaucoup de réputation devant des centaines de magistrats venant de
toute la Tunisie.
L’AMT ne pouvait tolérer qu’en plus, ces noms soient livrés à
l’opinion publique.
C’est ce qui s’est passé et elle a été singulièrement houleuse, selon le
témoignage de nos sources à l’intérieur du huis-clos du 13 mars qui nous ont
également informés que les magistrats avaient formulé trois revendications.
Primo, au niveau national, les magistrats affirment leur adhésion aux principes
de la Révolution et revendiquent une justice impartiale, indépendante et
transparente. Ils soutiennent la volonté des Tunisiens pour la cristallisation
d’une Assemblée Constituante et demandent d’y contribuer en tant que membres et
d’être impliqués directement dans l’écriture de la nouvelle Constitution. Les
magistrats revendiquent également la mise en place de garanties pour la justice
surtout pendant la période transitoire actuelle pour lui permettre, à son tour,
de défendre les libertés publiques et individuelles, le passage démocratique et
l’arbitrage des controverses électorales. Ils souhaitent également faire partie
de la Commission de préservation des acquis de la Révolution, la réforme
politique et la transition démocratique.
Secundo, au niveau judiciaire, les magistrats dénoncent la nonchalance avec
laquelle leurs demandes ont été traitées par le ministère de la Justice et
appellent à la lutte contre la corruption au sein de l’administration
judiciaire. Ils mettent également le pouvoir exécutif devant ses responsabilités
pour assurer la sécurité au sein des tribunaux et affirment leur rejet des
comportements irrespectueux de certains avocats. Ils avertissent des
implications des campagnes médiatiques contre la magistrature et de l’initiative
du ministère de la Justice d’opérer justement maintenant l’amendement de la loi
sur les avocats. Les magistrats appellent aussi à renforcer la position et
l’unification du Tribunal administratif, de la Cour des comptes et du Comité du
contrôle financier.
Tertio, au niveau interne, les magistrats soutiennent la nécessité d’amendement
de l’article 13 des statuts de l’ATM ainsi que les articles y afférents et
d’ouvrir la porte des candidatures à la présidence de l’association à toutes les
régions. Ils informent également qu’ils ont choisi le 26 mars pour être la
Journée nationale de l’indépendance de la Justice et appellent toutes les forces
vives de la Tunisie à s’organiser pour soutenir cette initiative.
Après une telle déferlante, on s’attend à ce que le Bureau exécutif de
l’Association tunisienne des magistrats demande, dans les prochains jours,
audience au président de la République pour le briefer en détail sur leurs
revendications.