Le séisme au Japon, une menace de plus pour la croissance mondiale

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à Otsuchi, au Japon, le 14 mars 2011 (Photo : Yomiuri Shimbun)

[14/03/2011 15:39:22] PARIS (AFP) Le terrible séisme qui a frappé le Japon, troisième puissance économique de la planète, accroît les incertitudes sur la reprise mondiale, déjà fragilisée par l’envolée des prix du pétrole ou la crise de la dette européenne.

Les économistes sont prudents dans l’évaluation de l’impact de la dévastation au Japon. Mais avec une production très perturbée et un éventuel rapatriement de capitaux japonais, certains n’hésitent pas à prédire des répercussions sur le reste du monde.

“L’impact de ce cataclysme sera très négatif sur l’économie mondiale” en général et sur “le secteur industriel chinois” en particulier, en raison du “rôle déterminant” de l’archipel nippon en Asie, affirme la maison de courtage Aurel BGC, parmi les plus pessimistes.

Selon elle, la conséquence la plus concrète pourrait être une “pénurie de certains composants ou pièces détachés” nécessaires aux industries de pays tiers. Dans l’électronique, la production de semi-conducteurs et de mémoires flash sont atteints, souligne-t-elle, évoquant par exemple une éventuelle limitation des ventes du nouvel iPad 2 d’Apple “faute de composants fabriqués dans cette zone”.

Cette désorganisation intervient “au moment où on avait le sentiment que l’industrie manufacturière à travers le monde était plutôt sous pression et tournait à plein régime”, explique à l’AFP Véronique Riches-Flores, de la Société générale. “Cela peut renforcer les pressions inflationnistes à court terme.”

Tous les experts ne sont pas aussi alarmistes. Les marchés financiers eux-mêmes n’ont pas plongé outre mesure.

“Il y a un sentiment généralisé que les catastrophes naturelles peuvent se révéler positives pour l’économie, car les travaux de reconstruction dopent la demande”, notent les analystes de Capital Economics.

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A la bourse de Francfort le 14 mars 2011 (Photo : Frank Rumpenhorst)

Avant la catastrophe, l’économie japonaise n’était déjà pas un moteur de la reprise mondiale: le produit intérieur brut (PIB) du Japon a même reculé de 1,3% au dernier trimestre 2010 en rythme annualisé.

“Les autorités japonaises répondent rapidement en termes de soutien économique” et le Japon “représente à peine plus de 2% des exportations de la zone euro”, se rassure aussi Chris Williamson, économiste de la société Markit, après l’intervention exceptionnelle de la banque centrale nippone.

Mais le séisme japonais vient ajouter un facteur d’incertitude aux menaces liées à la crise de la dette dans la zone euro, à un éventuel ralentissement économique aux Etats-Unis et en Chine, à l’instabilité des pays arabes et à l’envolée des prix du pétrole.

Dans l’immédiat, Véronique Riches-Flores prévoit “un choc de demande additionnel sur l’énergie qui va faire grimper les prix du brut”, déjà en plein envol. Le Japon, troisième consommateur mondial d’or noir, doit trouver des sources d’énergie pour suppléer sa production d’électricité nucléaire partiellement à l’arrêt.

Les flux financiers pourraient aussi transmettre la secousse à l’économie mondiale. Les opérateurs s’attendent à ce que les Japonais, pour les besoins de la reconstruction, rapatrient des fonds investis à l’étranger, ce qui a fait momentanément grimper le yen lundi avant les mesures de la Banque du Japon.

L’ensemble des avoirs du pays détenus à l’étranger représentaient en 2009 59% du PIB japonais, rappelle l’agence Moody’s.

“Les assureurs japonais pourraient vendre des obligations des Etats les mieux notés pour dégager des fonds”, estime aussi la banque Unicredit.

Or le Japon est, derrière la Chine, le deuxième détenteur de bons du Trésor américain, et s’est aussi engagé à acheter une bonne part de la dette émise par le fonds d’aide financière de la zone euro. Une vente importante de ces titres déstabiliserait les marchés obligataires et déboucherait sur une remontée des taux d’intérêt ce qui, in fine, risquerait d’entraver la reprise.