éacteur EPR, le 8 mars 2011 à Flamanville. (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[14/03/2011 21:22:35] PARIS (AFP) Le secteur du nucléaire était frappé de plein fouet sur les différentes places boursières européennes par les craintes d’une catastrophe au Japon qui pourrait retarder les projets de nouvelles centrales ou du moins augmenter le coût de leur construction.
Le Japon tente d’éviter un accident nucléaire majeur après de nouvelles explosions lundi dans sa centrale de Fukushima endommagée à la suite du plus puissant séisme de son histoire, suivi d’un tsunami dévastateur.
Une situation qui a affecté les principales valeurs du secteur: en Allemagne, EON et RWE ont clôturé en forte baisse, cédant respectivement 5,26% et 4,77%.
Les deux groupes énergétiques contrôlent l’essentiel des centrales nucléaires du pays, avec un troisième opérateur, une filiale du groupe public suédois Vattenfall.
A la Bourse de Paris, EDF a signé l’une des plus fortes baisses du CAC 40, cédant 5,28%. Areva, détenu à plus de 90% par l’Etat, a chuté de 9,61%.
Le problème n’est pas l’exposition directe de ces groupes, très peu présents au Japon, mais les craintes d’un fort ralentissement de leur programme nucléaire, ont fait valoir plusieurs experts interrogés par l’AFP.
Ainsi pour EDF, “il y aura certainement des retombées sur les décisions politiques à venir”, a commenté un analyste, soulignant qu’il faudrait très certainement “demander au constructeur de renforcer les normes de sécurité des nouvelles centrales, ce qui devrait retarder leur construction et augmenter leur prix”.
Impossible toutefois de chiffrer dans l’immédiat cette hausse des coûts, s’accordent les spécialistes.
Vu le peu d’informations sur l’ampleur de la catastrophe, il est aussi difficile de savoir si les actions des groupes nucléaires vont être affectées sur la durée.
Deux scénarios se profilent. “Soit l’enceinte de confinement de la centrale japonaise résiste et les fuites radioactives seront quasi-inexistantes, ce qui contribuera à rassurer le marché”, selon un analyste.
Soit “il y a un deuxième Tchernobyl et il vaut mieux sortir d’Areva immédiatement”, avertit un autre expert.
La catastrophe de Tchernobyl en 1986 avait stoppé une grande partie des programmes de développement nucléaire pendant plus de quinze ans.
Pour l’instant, le vent d’incertitudes qui plane quant aux questions de sécurité nucléaire n’est pas fait pour rassurer les salles de marché.
La question d’un moratoire sur le nucléaire qui décrédibiliserait à très long terme le secteur auprès des investisseurs reste envisageable dans un pays comme l’Allemagne, fait ainsi valoir un spécialiste du secteur. La Suisse a d’ailleurs annoncé avoir suspendu ses projets de renouvellement de centrales nucléaires.
“Je ne pense pas que l’Angleterre, la France ou la Chine change leur politique en la matière mais il se peut qu’il y ait un délai dans les projets”, estime en revanche Bertrand Lecourt de Deutsche Bank.
Paradoxalement, selon certains analystes, la catastrophe japonaise pourrait favoriser le développement du réacteur de troisième génération EPR développé par le français Areva.
“C’est un produit difficile à vendre car il coûte très cher mais peut-être que certains pays seront enclins à payer davantage pour un produit plus solide et au confinement plus robuste” que ses concurrents, souligne M. Lecourt.