Il est des propos qui font froid dans le dos, et surtout s’ils sont prononcés par un décideur politique. C’est le cas de Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme, qui vient de déclarer à l’Agence France Presse (AFP) que “l’année touristique 2011 sera catastrophique et que si la Tunisie fait la moitié de son résultat de l’an dernier ce sera déjà pas mal“.
Quand on sait que plusieurs secteurs ou activités en Tunisie dépendent du tourisme, on devine l’impact de la mauvaise passe de ce secteur sur l’ensemble de l’économie nationale.
Selon le figaro.fr, citant l’interview publiée par l’AFP, «Mehdi Houas prédit une saison 2011 très mauvaise, désastreuse, et juge que le défi le plus urgent est de préserver l’emploi dans le secteur. Secteur vital, le tourisme assure près de 7% du PIB tunisien et emploie jusqu’à 400.000 personnes, directement et indirectement, sur une population totale de 10 millions de personnes».
M. Houas affirme que «si on fait 50% de ce que l’on a fait l’année dernière, ce sera déjà pas mal. On a sauvé les meubles et le vrai défi aujourd’hui ce n’est pas d’augmenter les salaires, c’est de sauver les emplois et les salaires». Et le ministre d’ajouter: «La révolution que vient de connaître la Tunisie est une révolution sociale et à un moment donné il va falloir répondre (aux demandes) secteur par secteur…». Cependant, il exclut des augmentations dans le tourisme durant l’année en cours qui risque d’être “la pire de toute l’histoire de l’industrie touristique tunisienne“, et ce même s’il reconnaît que «la Tunisie commence à réapparaître sur les écrans radar…».
Toujours dans cet entretien, le ministre du Tourisme fait également allusion à l’insurrection en Libye laquelle constitue “un autre coup dur pour la Tunisie…». Car, rappelle-t-il, la Tunisie recevait, habituellement, environ 2 millions de Libyens chaque année, un quota qu’il estime ne pas être “totalement perdu”.
Concernant le climat des affaires et leur transparence, M. Houas affirme que “par rapport au régime mafieux, on a indubitablement progressé”, et que “tous ceux qui étaient passés sous les fourches caudines par le passé ont aujourd’hui un autre actionnaire, c’est l’Etat, un partenaire qui respecte le droit, ça a plus de gueule”.
Autre baume au cœur, Mehdi Houas estime que «la Tunisie est aujourd’hui un pays libre… la priorité c’est la démocratie», peu importe du reste qu’une année touristique “désastreuse” pointe à l’horizon.