En renversant le régime dictatorial et corrompu de Ben Ali, les Tunisiens ont déclenché un véritable tsunami politico-stratégique dont on n’a pas encore fini de ressentir les effets. L’Union européenne a quant à elle, visiblement, pris la mesure de l’évènement et de ses retombées. «Les évènements qui se jouent actuellement chez nos voisins du Sud sont historiques. Ils reflètent un processus de mutation profonde et auront des conséquences durables non seulement pour les populations et les pays de la région, mais aussi pour le reste du monde et pour l’Union européenne en particulier», observent la Commission européenne et la Haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité (Mme Catherine Ashton), dans une «communication conjointe» préparée à l’adresse des institutions européennes (Conseil européen, Parlement européen, Comité économique et social européen et Comité des régions).
Les Vingt-sept en ont conclu que l’UE «ne doit pas être un spectateur passif» et «doit appuyer pleinement le souhait des peuples voisins de bénéficier des mêmes libertés que ses propres citoyens, qui les considèrent comme des droits». D’autant que «l’éclosion d’une démocratie à part entière n’est jamais un long fleuve tranquille; cette transition s’accompagne de risques et d’incertitudes».
Pour parer au plus pressé, l’UE a déjà pris rapidement des dispositions visant à aider les deux pays où la révolution s’est déjà opéré –la Tunisie et l’Egypte- à faire face aux premières urgences. La Tunisie ayant été la première à exprimer ses besoins, Bruxelles lui a accordé, à l’occasion de la visite de Mme Catherine Ashton, une enveloppe de 17 millions d’euros au titre de «soutien immédiat et à court terme à la transition vers la démocratie et d’aide aux zones intérieures frappées par la pauvreté» –et 258 autres millions d’euros pour la période 2011-2013, dans le cadre du Programme Indicatif National (PIN).
Mais le plus important, du point de vue européen, reste à faire. Car, pour nos voisins du Nord, «la transformation radicale du paysage politique dans le sud de la Méditerranée exige que l’Union européenne change de stratégie à l’égard de la région».
Déjà entamé, ce processus de remise à plat de la Politique de voisinage –qui va porter sur les «thèmes fondamentaux de la différentiation, de la conditionnalité et du partenariat»- aboutira à la formulation d’une nouvelle stratégie qui devrait être présentée en avril prochain.
Toutefois, la «communication conjointe» révélée le 8 mars 2011 en a déjà présenté les grandes lignes. Baptisée «Partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée» (PDPP), cette nouvelle stratégie s’articule autour de trois axes: «une transformation démocratique et un renforcement des institutions», «un partenariat renforcé avec les populations» et «une croissance et un développement économique durable et inclusifs».
(A suivre)