L’industrie “high tech” durement touchée par le séisme japonais

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éléviseur Internet de chez Sony à New York, 12 Octobre 2010. (Photo : Emmanuel Dunand)

[16/03/2011 19:41:35] PARIS (AFP) Le séisme au Japon va propager son onde de choc sur le marché mondial de l’électronique et des nouvelles technologies car l’archipel est à la fois un gros producteur de téléviseurs, téléphones mobiles ou appareils photo et un pourvoyeur essentiel de composants.

“On sait que ça va perturber une partie de l’industrie mondiale dans quelque temps”, indique à l’AFP Philippe Citroën, directeur général de Sony France.

“Il est beaucoup trop tôt pour faire des pronostics, mais il y aura des conséquences sur la production” japonaise de produits électroniques grand public, poursuit-il.

En tout, six usines japonaises de Sony sont à l’arrêt. L’une d’elles, à Sendai (nord-est), a été littéralement “noyée” par la vague de dix mètres qui a déferlé vendredi dans la foulée du séisme, et si ses 1.100 employés sont sains et saufs, “il y a de gros dégâts”, selon M. Citroën.

“Nos usines comme Lumix (appareils photo) ou Sanyo ne tournent plus, soit parce qu’elles ont subi des dégâts liés au tremblement de terre ou au tsumani, soit par mesure de précaution car elles se trouvent à proximité de la centrale nucléaire (de Fukushima)”, explique un porte-parole français du fabricant japonais Panasonic.

Fabriquer des produits high tech comme les téléviseurs à écrans plats ou les smartphones dernier cri est une activité “très précise, une affaire au dixième, voire au centième de millimètres près”, souligne un expert du secteur, sous couvert d’anonymat.

Or, le séisme a affecté les machines de production et “même si ce n’est pas cassé, il faut tout recaler”, explique-t-il. Il pointe par ailleurs les difficultés d’acheminement des marchandises dues au séisme et les coupures d’électricité liées aux dysfonctionnements des centrales nucléaires, qui peuvent “désorganiser la production”.

Les groupes japonais ne sont pas seuls à subir l’impact de la catastrophe d’ampleur historique qui frappe l’archipel.

“Un grand nombre d’usines fabriquent des composants qui alimentent non seulement nos sites, mais aussi des concurrents. Donc on sait que ça va perturber une partie de l’industrie mondiale dans quelque temps”, pointe M. Citroën.

Ainsi, certaines usines des fabricants de galettes de semi-conducteurs Shin-Etsu et Sumco sont encore arrêtées. Ces grossistes de l’électronique représentent à eux seuls 60% de la production mondiale.

Sumco fait valoir qu’il a plusieurs usines fabriquant les mêmes produits dans des zones non touchées, qui pourraient prendre le relais.

Certains composants pourraient commencer à manquer cruellement, souligne toutefois Jeremy Davies, directeur général du cabinet d’études de marché IT Context.

C’est le cas d’une résine, le substrat BT, dont 90% de la production mondiale est assurée au Japon et qui entre dans la composition des puces comme les cartes mémoires. “De ce que l’on sait, les produits les plus touchés sont les smartphones et les appareils photos”, avance M. Davies.

Ces puces sont surtout fabriquées à Taiwan et en Chine. “Les Taiwanais ont déjà commencé à chercher qui d’autre pourrait les approvisionner”, affirme-t-il.

La rupture de stocks n’est pas pour tout de suite car les temps de livraison, par voie maritime, sont longs. Mais, si aucune solution n’est trouvée d’ici trois mois, les réserves risquent de s’épuiser, selon certains analystes.

“Il pourrait alors y avoir une pénurie de smartphones”, souligne même M. Davies.