Les valeurs de liberté et de démocratie inciteront-t-elles les investisseurs
étrangers à s’engager davantage en Tunisie? Noureddine Zekri, directeur
général de la
FIPA, en est convaincu. «Je suis persuadé que le climat d’affaires
connaitra un saut qualitatif. Il sera désormais basé sur la transparence et la
bonne gouvernance, tout en évitant l’interventionnisme. Nous bénéficions d’une
grande estime de la part des pays étrangers. Il faudrait miser sur les avantages
qu’on a déjà et y construire», lors de la conférence de presse tenue, le 16 mars
2011.
Une vision optimiste qui montre une volonté de faire –réellement– de la Tunisie
une destination privilégiée des
IDE dans le Bassin méditerranéen. M. Zekri
indique que malgré l’interruption de leurs activités pendant la période qui a
suivi le 14 janvier, les sociétés étrangères ont maintenu leurs investissements.
«Les grandes entreprises n’ont pas cherché à délocaliser où à transférer leurs
activités. Les 34 entreprises qui ont fermé, entraînant la perte de 2.400
emplois, sont des entreprises qui ont été confronté à un problème de
compétitivité…», insiste-t-il.
De nouvelles orientations…
Concernant les nouvelles orientations pour attirer les investissements, de
nouveaux pays sont ciblés tels que les Etats-Unis d’Amérique, le Japon et les
pays scandinaves. Des pays considérés comme ayant un grand potentiel, mais qui
sont absents sur le marché tunisien. De
même pour le Royaume-Uni qui, malgré sa présence, n’a pas beaucoup investi dans
notre pays. Ces pays sont, d’ailleurs, les premiers exportateurs d’IDE dans le
monde.
C’est dans ce cadre que la FIPA prépare un plan de communication qui sera
élaboré en concertation avec le Centre de Promotion des Exportations (CEPEX) et
l’Agence de Promotion de l’Investissement et de l’Innovation (APII). Pour M.
Zekri, il s’agit d’une évolution stratégique puisqu’auparavant, chaque
institution opérait presque les mêmes actions individuellement. Il affirme que
le budget du plan d’action a été fixé ainsi que la part de chaque partie. Il
précise, toutefois, qu’il s’agit pas d’un plan de communication «de crise» qui
sera valable jusqu’au mois de juin 2011 seulement. Une réunion entre les
différentes parties devra avoir lieur pour fixer ses différents axes.
La FIPA entend également mobiliser les compétences tunisiennes à l’étranger. Une
mobilisation qui aura pour avantage de renforcer les capacités de promotion.
Seul inconvénient: il n’existe aucune base de données de ces compétences. «Mais
je vous dis que les Tunisiens ont montré qu’ils sont de vrais patriotes.
Plusieurs de ces compétences nous ont contacté et sont prêtes à servir le pays
et à promouvoir son image à l’étranger», ajoute le responsable de l’agence.
Les régions et les grands projets…
Il s’agit aussi de miser sur le développement de projets dans les zones de
développement régional. «Notre objectif est d’inciter les investisseurs à
s’installer dans les régions. Nous œuvrons actuellement à établir une fiche par
région pour recenser ses potentialités. Auparavant, on s’adressait directement
au gouverneur, surtout qu’il n’y avait pas de ministère dédié au développement
régional. Cet axe était assez marginalisé. Ce que nous comptons entreprendre
permettra de donner plus de visibilité aux régions intérieures » souligne M.
Zekri.
Le dossier des grands projets -dossiers traités par la Commission supérieur des
marchés, dissoute actuellement- seront pris en charge par une autre commission
qui regroupe les différentes intervenants, à savoir les ministères et les
administrations concernées. «Il y avait une grande opacité sur ces projets et
des retards de réalisation ont été occasionnés sans savoir pourquoi. Nous sommes
en train d’établir une liste pour étudier chaque projet individuellement et
émettre un avis technique pour être ensuite transmis au gouvernement qui
décidera de sa portée pour le pays. En tout cas, un projet qui ne répond pas aux
objectifs qui lui sont assignés sera probablement éliminé», lance le responsable
de la FIPA.
Sommes-nous donc dans une nouvelle ère où la transparence serait le maître mot?
Trop tôt pour répondre à cette question. Toujours est-il que, la promotion de la
nouvelle Tunisie ne pourra se faire sans montrer effectivement que les valeurs
de liberté et de démocratie sont devenues des faits réels. Avec la reprise
économique, quelque peu timide en ce moment, il est fondamental de rassurer les
investisseurs sur l’avenir du pays et ses potentialités présentes et futures.