Lors de la première réunion de l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, tenue jeudi 17 mars 2011 au siège du Conseil Economique et Social (CES) à Tunis, on a eu l’impression que tout est fini avant même d’avoir commencé puisque les intervenants (particulièrement les représentants des différents partis) ont appelé à suspendre la réunion et réviser immédiatement la composition de l’instance.
Pourquoi? Tout simplement parce que la plupart des représentants des partis mettent en cause la méthode de désignation des membres de cette instance; une désignation qui, selon eux, unilatérale et sans concertation.
«Est-il logique de désigner 40 membres en tant que personnalités nationales parmi 71 alors que certains d’entre elles avaient, il y a quelques mois, exhorté le président déchu à se porter candidat à l’élection 2014? Où est-elle la transparence? Où sont les différentes composantes de la société civile?», s’interroge le représentant du mouvement «Ennahdha», avant de quitter la salle.
On aura donc compris que les participants à cette première réunion s’interrogent sur les critères de choix de ces personnalités nationales indépendantes tout en dénonçant l’exclusion “étrange“ de certaines parties influentes à l’instar du Conseil de la protection de la révolution, des représentants des sit-ineurs de La Kasbah et surtout des représentants des régions de l’intérieur. «Comment pouvons-nous discuter un tel projet de loi dans ce contexte historique pour la Tunisie sans la participation des régions de l’intérieur où la révolution s’est déclenchée?», se demande le représentant de l’UGTT.
Iyadh Ben Achour, président de l’instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, n’a pas eu de mots pour répondre à toutes ces questions et accusations. Mais il essayera à maintes reprises de convaincre les présents qu’il n’a pas pu contacter les sit-ineurs de La Kasbah pour leur demander de désigner un représentant au sein du conseil.
Alors monsieur Ben Achour, qu’en est-il des autres (représentants de la société civile, du Conseil de la protection de la révolution…)? Pourquoi avez-vous accepté de présider une commission aussi importante mais au sein de laquelle figurent des “personnalités“ ayant appelé Ben Ali à se représenter à l’élection présidentielle de 2014? Mais ils pourraient lui poser plusieurs autres questions.
Maintenant que plusieurs intervenants ont appelé à suspendre cette première réunion et de réviser la composition de l’instance, et ce à travers une nouvelle définition des critères de choix et après concertation des différentes composantes de la société civile, il est évident que la date du 24 juillet prochain pour la tenue de l’élection de l’Assemblée constituante est fortement remise en question, comme cela avait été annoncé par le président de la République par intérim.