à Tokyo |
[18/03/2011 17:51:43] LONDRES (AFP) Du sucre à l’étain et au palladium, les cours des matières premières alimentaires comme ceux des métaux industriels ont été malmenés par la crise japonaise, chutant sensiblement dans des marchés inquiets avant d’esquisser pour certains un rebond tout aussi soudain.
Les marchés des matières premières n’ont pas été épargnés par l’affolement qui a gagné les investisseurs du monde entier après le séisme qui a frappé le 11 mars le Japon -troisième économie mondiale-, suivi d’un tsunami dévastateur et d’un accident nucléaire majeur.
Parmi les métaux de base, les prix de l’étain et le nickel – dont le Japon est respectivement 3e et 2e consommateur mondial – ont lâché quelque 6% entre vendredi et mardi, tandis que le cuivre redescendait à son plus bas niveau depuis trois mois.
Les métaux platinoïdes, très utilisés par l’industrie automobile nippone, ont particulièrement souffert: entre lundi et jeudi, les cours du palladium ont plongé de 10%, et ceux du platine de quelque 7%.
“La paralysie prolongée de l’économie nippone, suspendue aux difficultés nucléaires et aux dégâts colossaux du séisme, donnent à penser que le Japon restera en-dehors des marchés des matières premières pendant encore un moment”, a expliqué Edward Meir, analyste du courtier MF Global.
“Le défi titanesque de remettre en état de marche les ports, les ponts et les infrastructures énergétiques ne doit pas être sous-estimé, cela prendra du temps”, a-t-il insisté.
Pour les experts de Standard Chartered, “il faut s’attendre à une dégringolade de la production d’acier à cours terme dans le pays, mais celle-ci pourrait rebondir considérablement dès que le Japon engagera la phase de reconstruction”.
Cette reconstruction devrait en effet être gourmande en métaux industriels: une perspective qui explique en partie le très fort rebond entamé dès mercredi par les cours du cuivre et du zinc, à l’unisson des autres métaux.
Le plomb, pour sa part, soutenu par la probabilité de besoins supplémentaires en batteries dans l’archipel, a vu son prix s’envoler de 10% sur la semaine, montant à son plus haut niveau depuis avril 2008.
Les cours des matières alimentaires ont suivi le même scénario, chutant avant de rebondir avec vigueur.
Alors que les investisseurs aux abois liquidaient leurs positions sur tous les marchés au début de la semaine, les cours des céréales ont nettement reculé, le sucre a lâché plus de 8% en deux séances à Londres comme à New York, et le cacao, dans un marché déjà fébrile, a accéléré ses pertes.
“L’ensemble des cours agricoles a fait face à une forte pression à la vente, sur fond d’inquiétudes géopolitiques, exacerbée par le séisme au Japon et ses implications pour ses importations en particulier pour les céréales”, a relevé Sudakshina Unnikrishnan, analyste de Barclays Capital.
L’archipel est le premier pays importateur de maïs (1/5 des importations dans le monde), qu’il achète principalement aux Etats-Unis, et parmi les cinq premiers acheteurs de blé et de soja.
“Pour l’instant, aucun cargo de grains vers le Japon n’a été annulé, étant simplement dévié vers les ports du sud”, tempérait Deutsche Bank.
Dans le tumulte général, même l’or n’aura pas joué son rôle de valeur refuge, devenu un actif parmi les autres dont se débarrassaient les investisseurs en mal de liquidités.
Le cours du métal jaune a lâché plus de 50 dollars (-3,5%) sur les deux premiers jours de la semaine, tombant à son plus bas niveau depuis mi-février. Avant de retrouver progressivement les jours suivants la confiance des investisseurs.