Apparemment, au cœur de la tourmente révolutionnaire, les bouches s’ouvrent.
C’est vrai. Mais les appétits demeurent intacts. Aussi.
C’est que… après une longue carrière ministérielle au service de son mentor
Abdelaziz Ben Dhia et de la pérennité constitutionnelle du président déchu,
Zouheir Mdhaffer, homme de confiance du palais durant deux décennies,
carriériste notoire des arcanes du pouvoir et artisan infatigable de tous les
amendements de notre Destour, qui ont permis à Ben Ali de se représenter
indéfiniment aux Tunisiens et aux élections présidentielles, repère, tâte,
explore, d’après certaines sources, de l’embauche du côté des instances
onusiennes en Tunisie (PNUD). Pas besoin de montrer patte blanche. L’homme croit
à son expertise. A sa bonne étoile. A sa valeur ajoutée. A son sens du
rafistolage. Avec le résultat que l’on sait.
C’est clair. La révolution n’a pas réussi à le mettre KO. Il ne rend pas les
armes. Il ne sort pas groggy de la déchéance de ses maîtres. Il n’a rien à
abjurer. A expier. A cacher. A l’instar de toutes les anciennes figures
gouvernementales, qui ont porté en bandoulière, durant deux décennies, la
bannière du cynisme et de l’imposture. Au fait, pour lui, sa barque est loin
d’être pleine et mieux vaut vivre sa vie que courir après. Il veut courir…
encore et encore. Décidemment, le sentiment d’être indispensable, irremplaçable,
unique et talentueux est inhérent, affirment plusieurs philosophes, à toute
fonction d’autorité. Cependant, nul n’échappe aux pièges du pouvoir. De la
tentation. De la domination. Du nombrilisme. De l’égo. Démesuré par nature.
Seulement voilà, sa candidature au PNUD ne laisserait certainement pas, du moins
on l’espère, le personnel local onusien indifférent. Insensible aux rumeurs, aux
ricanements, aux railleries, aux médisances, aux interrogations. Des uns et des
autres. De larges pans de l’opinion publique du pays. Il y va du prestige de
l’organisation internationale en Tunisie. De sa notoriété. De son message. De
son aura. De sa crédibilité auprès de ses partenaires tunisiens. Car
Zouheir Mdhaffer, dont le nom est associé à toutes les lectures juristes de l’ancienne
ère, est disqualifié, moralement, affirment certains, pour expertiser, théoriser
et prêcher la bonne parole, le respect des normes, la redevabilité, la
transparence, la bonne gouvernance et les préalables des différentes formes de
transition démocratique, qui ont assuré, un peu partout dans le monde, le
renouveau des peuples épris de liberté, de tolérance et de stabilité.