La Bourse de Paris suspendue à la situation au Japon et dans le Moyen-Orient

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ège historique de la Bourse de Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

[19/03/2011 11:50:28] PARIS (AFP) La Bourse de Paris, qui a décroché cette semaine avant de reprendre ses esprits, va rester suspendue à l’évolution de la situation au Japon et au Moyen-Orient, ce qui devrait reléguer au second plan le sommet, pourtant tant attendu, sur la crise de la dette en zone euro.

“Impossible de prédire ce qui va se passer dans les prochains jours sur les marchés, avertit Renaud Murail, gérant d’actions chez Barclays Bourse/ Nous sommes dans le domaine de l’irrationnel et l’évolution de la place parisienne ne dépendra que d’éléments exogènes : le Japon et le Moyen-Orient”.

Sur la semaine écoulée, le marché parisien, à l’instar des autres places financières, a subi un violent revers (moins trois pour cent). Le CAC 40 a aligné trois séances consécutives de forte baisse avant de se redresser, à partir de jeudi, sur des espoirs d’un meilleur contrôle de la situation dans la centrale accidentée de Fukushima au Japon. Il a terminé vendredi sur un léger rebond de 0,63%.

“Un vent de panique a soufflé sur la Bourse de Paris”, notamment mardi où le CAC 40 a reculé en séance de plus de quatre pour cent, remarque Christian Parisot, économiste chez Aurel. “Signe supplémentaire d’agitation, le nombre des transactions a été très important”, jusqu’à deux fois supérieur à une séance habituelle, ajoute-t-il.

Le séisme, le tsunami et la catastrophe nucléaire qui ont frappé le Japon ont eu raison de la bonne tenue de la Bourse depuis le début de l’année et le CAC 40 a effacé tous ses gains.

“Il y a eu des ventes sans discernement sur tous les titres, ce qui prouve l’anxiété des investisseurs”, même si certains secteurs ont particulièrement souffert, l’énergie, l’industrie ou le luxe, analyse Wilfrid Pham, directeur de la gestion “actions” chez Natixis AM.

La thématique nippone restera au centre des préoccupations dans les prochains jours.

“On peut assister à une véritable dégringolade si les autorités japonaises perdent le contrôle de la situation à Fukushima”, où une course contre la montre est actuellement engagée pour refroidir les réacteurs endommagés, avertit Christian Parisot.

“Nous allons aussi avoir davantage d’informations sur le réel impact de la catastrophe japonaise sur l’économie mondiale”, commente Renaud Murail. Le coût du sinistre pourrait atteindre trois pour cent du Produit intérieur brut du Japon, troisième économie de la planète derrière les Etats-Unis et la Chine, d’après les estimations de Natixis AM.

Autre préoccupation des investisseurs, les incertitudes ravivées au Moyen-Orient.

En Libye, l’Organisation des Nations unies a autorisé le recours à la force contre le régime de Mouammar Kadhafi qui a décrété un cessez-le-feu, une annonce accueillie avec circonspection par la communauté internationale. A Bahreïn, des milliers de chiites ont manifesté contre le gouvernement, faisant craindre une contagion des violences à l’Arabie saoudite.

Dans ce climat géopolitique extrêmement tendu, l’actualité macroéconomique est reléguée au second plan.

Ainsi le sommet européen des 24 et 25 mars sur la crise de la dette en zone euro “qui aurait été la priorité en temps normal devrait être un non-évènement”, selon Renaud Murail. D’autant que les annonces, notamment le renforcement du fonds de soutien aux pays en difficulté, ont “déjà été anticipées”, souligne Christian Parisot.

Seuls quelques indicateurs devraient parvenir à retenir l’attention des investisseurs, notamment les ventes de logements neufs en février aux Etats-Unis, alors que les mises en chantier sont tombées près de leurs plus bas niveaux historiques.

En zone euro, l’indice composite des directeurs d’achats, “qui pourrait déjà refléter les premières craintes sur les conséquences de la catastrophe japonaise”, selon Christian Parisot, est également attendu.

Euronext (CAC 40)