é Socrates, le 14 mars 2011 à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[21/03/2011 07:09:03] LISBONNE (AFP) Pris en tenailles entre les exigences des marchés et de ses partenaires européens et une opposition inflexible, le Premier ministre portugais José Socrates entame une semaine décisive tant pour sa survie politique que pour l’avenir financier de son pays.
Applaudi lors du dernier sommet de Bruxelles pour son nouveau programme d’austérité –le quatrième en moins d’un an–, M. Socrates a été accueilli à son retour à Lisbonne par une véritable fronde, accusé d’avoir “négocié en cachette” avec la Commission et la Banque centrale européennes des mesures devant lui permettre de sauver la face en évitant un plan de sauvetage financier.
“Cette fois-ci, c’est fini”, a réagi Pedro Passos Coelho, chef du Parti social-démocrate (PSD), la principale force d’opposition de centre droit qui avait jusqu’ici permis au gouvernement socialiste minoritaire de mettre en oeuvre les mesures d’austérité visant à rassurer les marchés.
Confronté au risque d’un rejet de son programme au parlement, M. Socrates a menacé de démissionner, mettant en garde contre une “crise qui ouvrirait la porte au FMI” avec des “conséquences terribles” pour le pays.
Toute la semaine, les dirigeants socialistes ont multiplié les déclarations dramatiques, évoquant le risque d’une “rupture immédiate du financement de l’Etat” en cas de crise politique alors que le Portugal doit faire face à d’importantes échéances de dette (plus de 9 milliards d’euros) d’ici au 15 juin.
Face à la fermeté de ses opposants refusant son “chantage au chaos”, José Socrates a dû renoncer à la traditionnelle “résolution de soutien” au programme d’austérité qu’il espérait faire voter par le parlement à la veille du sommet européen qui s’ouvre jeudi à Bruxelles.
C’est là que les 27 devront finaliser leur dispositif de défense face à la crise de la dette qui, après la Grèce et l’Irlande, menace le Portugal.
Les trois jours à venir seront chargés pour le Premier ministre: lundi, il doit recevoir les partis politiques, mardi les partenaires sociaux, avant un débat prévu mercredi au parlement sur le programme d’austérité qui doit permettre de “garantir” la réduction du déficit à 4,6% du PIB en 2011 puis 3% dès 2012.
Jusqu’à présent, les appels au dialogue lancés par M. Socrates n’ont trouvé aucun écho, l’opposition refusant de discuter a posteriori d’un programme déjà entériné par les institutions européennes et qui prévoit notamment de nouveaux impôts, le gel des retraites et des prestations sociales jusqu’en 2013 ainsi qu’une réforme du marché du travail.
Trois partis, le Parti communiste, le Bloc de gauche (extrême gauche) et le CDS-PP (droite), ont déjà fait savoir qu’ils déposeraient chacun une résolution contre le texte, dont l’adoption dépendra exclusivement du PSD.
Selon des parlementaires, le vote pourrait être repoussé de quelques jours afin d’éviter que le Portugal soit représenté par un Premier ministre démissionnaire lors du sommet européen, dont Lisbonne espère encore qu’il provoquera une détente sur le marché de la dette.
M. Socrates a averti qu’en cas de “rejet explicite” du programme d’austérité, “la parole devrait être rendue au peuple”, précisant qu’il se représenterait en cas d’élections anticipées.
Selon les derniers sondages, réalisés avant l’annonce de nouvelles mesures d’austérité, l’opposition de centre droit remporterait les législatives sans toutefois obtenir de majorité absolue.
Dans ce contexte, la montée de la grogne sociale, illustrée par la multiplication ces dernières semaines des grèves et manifestations, pourrait s’avérer décisive, la droite n’ayant jamais remis en cause le bien-fondé de l’austérité et se disant prête à collaborer dans le cadre d’un programme d’aide avec l’UE et le Fonds monétaire international (FMI).