ée française (Photo : Adj Weyer) |
[21/03/2011 15:25:48] PARIS (AFP) Les frappes aériennes en Libye offrent à l’avion de combat Rafale une opportunité inattendue de faire la démonstration de son efficacité, au moment où son fabricant français Dassault tente de convaincre plusieurs acheteurs étrangers, selon des experts.
Samedi, huit appareils se sont élancés dans le ciel libyen pour mettre en place une zone d’exclusion aérienne destinée à protéger les populations civiles. Dimanche, ils étaient six.
Tous ont effectué des missions de reconnaissance et/ou de “strike” (combat). Huit autres appareils sont en outre actuellement embarqués sur le porte-avions français, le Charles-de-Gaulle.
La Libye “peut être une façon de faire de la publicité au Rafale grâce à un retour d’expérience au combat”, résume Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) chargé des questions de défense et de sécurité.
“Le Rafale est certes déjà engagé en Afghanistan, mais ce conflit n’est pas populaire. Les industriels hésitent donc à communiquer sur leurs matériels”, dit-il.
Début février, le PDG de Dassault Aviation, Charles Edelstenne, avait déclaré que le Rafale avait des chances d’être exporté dans huit pays.
L’appareil est notamment en lice au Brésil contre le F-18 de l’américain Boeing et le Gripen du suédois Saab. Mais le contrat, présenté, fin 2009, comme acquis par la présidence française, n’a jamais été signé.
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La France négocie parallèlement depuis 2008 avec les Emirats Arabes Unis la vente de 60 exemplaires.
L’avion de chasse a en outre été proposé à l’Inde, le Koweït, la Suisse, la Grèce et même… à la Libye.
Dans ces négociations jusqu’alors infructueuses, l’intervention en Libye “va nous aider à le vendre”, estime un responsable français sous couvert d’anonymat.
“Un conflit permet de démontrer véritablement les capacités d’un appareil (…) De ce point de vue, la Libye représente une vitrine technologique”, commente Christophe Ménard, analyste chez Kepler Capital Markets.
Selon lui, c’est un test grandeur nature qui “permet d’ajouter des galons sur le tableau de guerre de l’avion, à condition qu’il n’y ait pas de perte d’appareil”.
Mieux, les Français étant amenés à travailler avec les Qatari, il est plus facile de convaincre les potentiels acheteurs, ajoutent les deux experts.
“Un avion de combat n’est jamais mieux vendu que lorsqu’il a été confirmé +apte au combat+. Le plus bel exemple est le Mirage 3, qui, après la guerre des Six jours (juin 1967, ndlr), avait montré une telle capacité qu’il est devenu un best seller mondial”, rappelle une source proche de Dassault Aviation.
Elle souligne qu’en Libye, la configuration est un peu différente, dans la mesure où le Rafale ne fait pas face à un avion du même niveau.
“Mais le simple fait que l’avion soit entré dans la zone aérienne libyenne dès samedi, sans qu’il y ait eu de bombardements préalables de toutes les défenses anti-aériennes libyennes, montre à tous ceux qui s’intéressent à cet avion, la confiance dans les capacités de cet appareil”, fait valoir cette source.
A terme, le Rafale, dit “omnirôles”, est destiné à remplacer sept types d’avions à lui tout seul.
“Cette polyvalence est décisive pour l’armée qui l’emploie”, insiste Stéphane Fort, porte-parole de Dassault Aviation. “Avec le Rafale, un état-major peut choisir de lancer une opération de reconnaissance, de combat aérien ou de bombardement alors que l’avion est déjà en vol. Il dispose d’une extrême souplesse”.
Le F-18 est lui aussi multirôles mais il ne peut être configuré que pour l’une des missions à la fois, et ce, avant son décollage.