Japon : 11 jours après le séisme, la machine industrielle toujours détraquée

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étruits à Sendaï, le 19 mars 2011 au pon (Photo : Toru Yamanaka)

[22/03/2011 10:26:44] OSAKA (Japon) (AFP) Les répercussions du séisme du 11 mars et de l’arrêt de centrales nucléaires continuent, plus de dix jours après, à empêcher les entreprises japonaises de relancer pleinement leur activité, dans un large éventail de secteurs, de l’automobile à l’édition de mangas.

Usines arrêtées, coupures de courant, rationnement d’essence, livraisons impossibles, les rouages de l’activité industrielle japonaise sont grippés, le fonctionnement des circuits logistiques, habituellement fluides, totalement désorganisé.

De nombreux sites de production de pièces pour automobiles et de composants électroniques (secteurs majeurs qui comptent des milliers d’entreprises de toutes tailles et emploient des millions de salariés) sont stoppés ou tournent au ralenti.

“Nous avons relancé le travail en plusieurs endroits et préparons la reprise dans divers autres”, a expliqué mardi Sony.

“Cependant, même pour des installations qui n’ont pas subi de dommages directs, la production reste impossible compte tenu des problèmes d’approvisionnement en matériaux et composants et des aléas de l’alimentation électrique,”, a poursuivi le groupe.

En conséquence, “nous sommes obligés de suspendre l’activité de cinq usines”.

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îne de montage du constructeur Toyota à Miyata, le 2 octobre 2006 dans la préfecture de Fukuoa, au Japon (Photo : Ken Shimizu)

Le numéro un mondial de l’automobile, Toyota, ne recommencera pas à assembler des voitures au Japon avant le 27 mars, au plus tôt, pour les mêmes raisons.

Trois causes principales découlant du séisme handicapent le redémarrage industriel, avec des effets de grande amplitude.

Primo, les dégâts causés aux moyens de production, y compris la disparition de salariés. Deuxio, la mise hors service de 14 réacteurs nucléaires, dont ceux de Fukushima, qui force à des coupures planifiées d’électricité pour réguler la demande. Tertio, les dysfonctionnements des réseaux de transport et la rupture des chaînes logistiques.

Les préfectures de Myagi et Fukushima (nord-est), les plus dévastées, comptent au moins sept importantes usines d’équipementiers pour l’automobile qui sont actuellement à l’arrêt.

Parmi les sociétés victimes directes de cette catastrophe, certaines, telles des fabriques de freins, se trouvent même dans la zone d’évacuation décidée par les autorités autour de la centrale accidentée Fukushima Daiichi (N°1) d’où s’échappent des substances radioactives.

Les services de coursiers porte-à-porte nationaux, qui livrent tout en un temps record et des délais garantis, sont contraints de sabrer leur service dans les zones ravagées et n’acceptent toujours que les plis les plus simples à transporter.

Les répercussions de l’inactivité de firmes nippones va bien au-delà des frontières, compte-tenu de la répartition du travail en Asie. Le Japon est de plus en plus un fournisseur de composants de très haute technologie, assemblés en produits finis dans des usines de Chine, de Malaisie, de Taiwan, ou de pays occidentaux à main-d’oeuvre bon marché.

Dans les circonstances catastrophiques actuelles, aucun secteur ne paraît épargné. Lundi, l’hôtel Shangri-La de Tokyo, situé au centre de la capitale nippone, a annoncé qu’il suspendait jusqu’à une date indéterminée l’accueil de nouveaux clients, “à cause des perturbations logistiques et des difficultés de fourniture d’électricité”.

A l’instar de l’hebdomadaire de mangas pour adolescents Shonen Jump, qui tire à 3 millions d’exemplaires, les maisons d’éditions retardent les sorties de périodiques et livres, subissant en bout de chaîne la pénurie de papier consécutive à l’arrêt d’importantes usines.

Au détraquement général de la machine industrielle et des flux logistiques risquent en outre de s’ajouter dans les prochaines semaines les effets de la radioactivité sur la chaîne agroalimentaire déjà bouleversée.

La Banque mondiale a estimé que les catastrophes qui ont frappé l’archipel devraient coûter entre 122 et 235 milliards de dollars, soit entre 2,5 et 4% du PIB de la troisième puissance économique mondiale.