Portugal : le sort du gouvernement Socrates scellé mercredi au Parlement

photo_1300834315327-1-1.jpg
é Socrates, le 14 mars 2011 en conférence de presse à Lisbonne. (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[22/03/2011 22:53:09] LISBONNE (AFP) Le Parlement portugais devrait, sauf coup de théâtre, se prononcer mercredi contre le nouveau programme d’austérité du Premier ministre socialiste José Socrates, au risque de provoquer sa démission et de précipiter un appel à l’aide financière internationale.

Le débat sur le nouveau “programme de stabilité et croissance” a été fixé à 15H00 (locales et GMT) par la conférence des chefs de groupes parlementaires réunie mardi matin à Lisbonne.

Le texte en lui-même, dont la version finale doit être remise seulement fin avril à Bruxelles, n’a pas à être approuvé par le parlement.

Il fera toutefois l’objet de plusieurs “résolutions”, déposées par toute l’opposition, de droite comme de gauche, unanime à condamner ce quatrième plan d’austérité en moins d’un an, et surtout la méthode du gouvernement minoritaire qui s’est engagé auprès des institutions européennes, sans aucune concertation interne préalable.

Mardi soir, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit), principale force d’opposition, a appelé à un rejet du programme “au nom de l’intérêt national”, estimant qu’une “clarification politique” permettrait “la mise en place d’un gouvernement de majorité élargie”.

En cas de rejet “explicite” de son programme, M. Socrates, qui ne peut compter que sur l’appui de 97 députés socialistes sur 230 au parlement, a déjà menacé de démissionner, affirmant que “la parole devra alors être rendue au peuple”.

Soulignant que ses mesures avaient déjà été saluées par la Commission européenne et la Banque centrale européenne, lors du dernier sommet européen du 11 mars, M. Socrates a mis en garde contre le risque d’une crise “gravissime” qui, selon lui, “ouvrirait la porte au Fonds monétaire international” au moment où le Portugal fait face à de graves difficultés de financement extérieur.

“Seul un changement de gouvernement et de politique est en mesure de restaurer la crédibilité et la confiance qui ont été mises en cause”, a estimé mardi le leader parlementaire du PSD, Miguel Macedo.

“En démocratie, il n’y a pas à avoir peur de la parole du peuple”, a-t-il encore dit, alors que le PSD est donné en tête des sondages en cas d’élections anticipées sans toutefois obtenir de majorité absolue.

Toute la journée, le Parti socialiste avait encore dramatisé les enjeux d’un “débat décisif pour la vie du pays non seulement pour les prochains mois, mais pour les prochaines années”, à la veille du sommet européen consacré à la crise de la dette, dont le Portugal pourrait être, après la Grèce et l’Irlande, la prochaine victime.

Appelé à intervenir pour éviter une crise politique, le président portugais, Anibal Cavaco Silva, membre du PSD, a estimé ne plus avoir de “marge de manoeuvre pour agir”.

Le nouveau plan d’austérité, qui doit permettre de “garantir” la réduction du déficit public du Portugal à 2% du PIB à l’horizon 2013 et éviter le recours à un plan de sauvetage de l’UE et du FMI, durcit nettement les mesures d’austérité déjà en vigueur depuis un an.

Il prévoit notamment de nouvelles coupes budgétaires, un gel prolongé des retraites, de nouveaux impôts et une diminution des prestations sociales.

Selon le cabinet du Premier ministre, M. Socrates devrait exceptionnellement assister mercredi à l’ouverture du débat, qui sera mené au nom du gouvernement par le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos.

Lundi, M. Teixeira dos Santos avait mis en garde contre le risque que ferait peser une crise politique sur la “capacité de financement” de l’Etat portugais, qui doit lever d’importants emprunts dans les prochaines semaines pour pouvoir rembourser d’ici le 15 juin plus de 9 milliards de dette.

Sourd aux appels du pouvoir socialiste, le chef de l’opposition de centre-droit, Pedro Passos Coelho, qui à 46 ans pourrait être appelé à succéder à M. Socrates, avait déjà jugé lundi que des élections anticipées étaient désormais “inévitables”.