Les consommateurs en Asie boudent les produits alimentaires japonais

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égumes dans un magasin japonais de Manille, le 23 mars 2011 (Photo : Ted Aljibe)

[23/03/2011 08:04:53] MANILLE (AFP) Les ventes de denrées japonaises dans les supermarchés à travers l’Asie ont nettement reculé et les clients désertent les restaurants de sushis, après l’accident nucléaire de Fukushima qui fait craindre des produits alimentaires nippons irradiés.

Plusieurs pays testent les importations alimentaires japonaises depuis que des fuites radioactives ont été détectées après le séisme du 11 mars et le passage d’un tsunami qui a mis hors-service les systèmes de refroidissement de la centrale de Fukushima.

Aucune contamination importante n’a été relevée, et les autorités japonaises et internationales soulignent que cette crise nucléaire n’est pas comparable avec la catastrophe de Tchernobyl en 1986.

Mais les fuites continuent, alimentant la méfiance.

“Ces 15 derniers jours, nous avons eu le plus faible nombre de clients depuis que j’ai ouvert il y a trois ans”, déclare Shigeyoshi Yasumoto, propriétaire du Saika, un restaurant du quartier de Manille surnommé “Little Tokyo”.

En face, une supérette spécialisée en produits japonais est quasiment vide.

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Un restaurateur japonais montre du sashimi dans un restaurant de Manille, le 23 mars 2011 (Photo : Ted Aljibe)

“Je ne peux pas en vouloir aux clients. Je n’achèterais pas des produits japonais moi-même, bien que nous indiquons aux clients que notre stock a été constitué avant le 11 mars”, indique le directeur du magasin.

Les autorités japonaises ont cherché dès le début de la crise à rassurer la population en indiquant que les radiations n’étaient pas suffisamment élevées pour être nocives à l’ingestion.

Mais le Premier ministre Naoto Kan a ordonné mercredi l’interdiction du lait et des légumes à feuilles vertes dans plusieurs préfectures près de Fukushima en raison des taux élevés de radioactivité.

Et la crainte d’une contamination élargie aux produits de la mer s’est accrue après la découverte mardi de niveaux anormalement élevés de substances radioactives dans l’eau de mer près de la centrale.

Hors Asie, l’inquiétude est également d’actualité. Les Etats-Unis ont interdit l’importation de lait, produits laitiers, légumes frais, fruits provenant de quatre préfectures autour de la centrale.

La France a de son côté demandé à la Commission européenne d’imposer un “contrôle systématique” sur les importations de produits frais en provenance du Japon aux frontières de l’Union européenne.

En Corée du Sud, magasins et consommateurs ne veulent prendre aucun risque malgré les tests effectués sur les importations japonaises.

Deux des principaux supermarchés, Lotte Mart et Homeplus, ont suspendu les ventes de poissons japonais cette semaine.

“Les douanes les ont déclarés propres à la consommation mais nous les avons éliminés car les consommateurs ont peur”, a indiqué un porte-parole de la chaîne Homeplus.

A Hong Kong, qui compte 600 restaurants japonais employant des milliers de personnes, la baisse de la fréquentation est sensible. “Nous constatons une chute d’activité et cela menace les revenus des gens qui travaillent” dans ces restaurants, s’alarme Yuen Fuk-wo, président du syndicat des employés de la restauration du territoire.

L’Organisation mondiale de la Santé a estimé lundi que les autorités japonaises avaient réagi de façon appropriée et appelé la population à ne pas paniquer.

Pavel Tkalich, un ingénieur qui a conseillé le gouvernement ukrainien à propos des dangers des radiations après Tchernobyl, a souligné que personne ne sait encore l’étendue de la contamination de la chaîne alimentaire au Japon et aux alentours.

“Tout dépend de la quantité” des radiations dans les sols et dans l’eau, “mais l’information n’est pas encore claire”, a-t-il déclaré.