Royaume-Uni : rigueur confirmée, mais le gouvernement lâche un peu de lest

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à Londres, le 23 mars 2011 (Photo : Adrian Dennis)

[23/03/2011 15:11:15] LONDRES (AFP) Le gouvernement britannique a présenté mercredi un budget de rigueur parmi les plus sévères depuis plusieurs générations, mais a dû lâcher un peu de lest face à l’impopularité croissante de sa politique d’austérité.

Présentant le budget 2011/2012 au Parlement, le ministre des Finances George Osborne n’a réservé qu’une seule surprise aux députés: l’annonce d’une baisse des taxes sur l’essence de 1 penny (1,15 centime d’euro) par litre, gagée sur une imposition alourdie des compagnies produisant du pétrole en mer du Nord.

Sur le fond, il a rappelé d’emblée la priorité de la coalition conservatrice/libérale démocrate au pouvoir depuis mai dernier: venir à bout d’ici à 2015 d’un déficit public record (près 10% en 2010), largement hérité de la crise financière et du sauvetage du secteur bancaire.

“La Grande-Bretagne a un plan et elle s’y tient”, a affirmé M. Osborne, en assurant que le pays était “confronté à une dure réalité”.

Le nouveau budget, qui prend effet en avril, confirme des coupes de plus de 20 milliards de livres (environ 23 milliards d’euros) prévues dans le cadre d’un plan d’économies de quatre ans d’une ampleur sans équivalent parmi les grands pays européens.

Les crédits aux collectivités locales, particulièrement touchées, vont ainsi baisser de 10% d’un coup, avec des conséquences en chaîne pour les municipalités, contraintes de sabrer dans les aides sociales ou de fermer les bibliothèques par centaines.

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à Londres, le 23 mars 2011 (Photo : Adrian Dennis)

Et les coupes budgétaires vont se traduire par la suppression de plus de 300.000 emplois publics.

La mauvaise santé de l’économie britannique a laissé peu de marge de manoeuvre à M. Osborne et au Premier ministre David Cameron pour adoucir les angles.

En présentant son “budget pour la croissance”, le ministre des Finances a commencé par prendre acte d’une baisse des perspectives officielles pour la reprise économique en 2011 et 2012. Il ne prévoit plus qu’une croissance de 1,7% cette année et 2,5% l’an prochain (contre 2,1% et 2,6% projetés à l’automne).

Il a annoncé dans la foulée une série de mesures destinées à encourager la reprise, comme la relance des zones franches héritées de l’ère Thatcher.

Face à l’impopularité croissante de sa politique économique, le gouvernement a tenté de desserrer un peu l’étau: il a promis des aides pour l’accession à la propriété, rehaussé les seuils d’imposition et gelé des taxes sur les transports, en plus de la baisse de celles sur l’essence.

M. Osborne a promis que la lutte accrue contre la lutte fiscale permettra de financer la plupart des nouvelles mesures. Et une taxe -largement symbolique” sur les voyages en jets privés a été instituée.

Le leader de l’opposition travailliste Ed Milliband a fustigé une politique “qui va trop loin et trop vite” dans la rigueur. “Cela fait mal et ça ne marche pas”, a-t-il lancé.

Le Labour et les syndicats, qui dénoncent “un massacre de la société britannique”, n’ont pas réussi jusqu’à présent à faire descendre les Britanniques dans la rue. Mais ils comptent sur une première manifestation nationale organisée samedi à Londres pour inverser la tendance.

Selon deux sondages récents, 70% des Britanniques estiment que les coupes sont trop rapides et les deux tiers pensent que le gouvernement “ne comprend pas les problèmes économiques des familles ordinaires”.

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre lui-même, Mervyn King, s’était dit “surpris” au début du mois que les Britanniques ne soient pas plus en colère face à l’ampleur des sacrifices demandés.