«L’objectif de ce gouvernement transitoire est de mettre le peuple tunisien dans les meilleures conditions possibles pour voter pour la première fois de son histoire, sereinement et dans un esprit constructif pour notre pays», affirme Yassine Brahim, ministre du Transport et de l’Equipement.
Un ministre qui n’apprécie d’ailleurs pas qu’on considère les ministres du gouvernement de transition comme étant ceux qui doivent gérer les affaires courantes du pays. Car ces ministres «doivent prendre les bonnes décisions par rapport au contexte actuel et ne pas prendre de mauvaises pour le futur». La mission du gouvernement de transition n’est donc pas aussi simple que l’on veut bien le croire.
«Un gouvernement de transition est par définition un gouvernement qui doit gérer le quotidien. Sa principale mission est de remettre le pays au travail. Ceci veut dire que sa mission première est de rétablir la sécurité et l’autorité de l’Etat. Une la sécurité rétablie, il faut que l’économie se remette à fonctionner au mieux afin de préserver les grands équilibres, notamment l’approvisionnement du marché, la protection des positions à l’exportation, le respect des engagements extérieurs, etc.», explique pour sa part Ezzeddine Saidane, expert financier.
Car une chute trop forte du PNB (Produit national brut) mettrait en danger la transition vers la démocratie et la fragile paix sociale. Selon lui, ce gouvernement n’a pas à développer de politiques couvrant des périodes au-delà du le très court terme voire le court terme. Là où un progrès doit être visible dans les meilleurs délais c’est au niveau de la situation de l’emploi. Une situation qui doit être traitée de la manière la plus efficace qui soit. C’est pour cela que le gouvernement a mis en place le programme Amal qui vise à intégrer graduellement les diplômés du supérieur dans la vie active en leur distribuant des rémunérations modestes et en renforçant le recrutement des diplômés d’avant 2009 dans le secteur public en prenant en compte leurs conditions sociales.
Le gouvernement de transition doit également pouvoir agir sur le choix des hauts dirigeants des ministères et des entreprises publiques en écartant les personnes dont la moralité est douteuse et en choisissant celles dont la compétence, l’intégrité et la crédibilité ne font pas de doute. Au ministère du Transport et de l’Equipement, les exemples sont nombreux. 43 entreprises publiques ont été la cible de changements importants de managers… L’exemple le plus édifiant est celui de l’Agence foncière de l’habitat (AFH) qui a pu, suite à la nomination d’un nouveau dirigeant, assainir différents dossiers et remettre à l’ordre ses affaires.
L’AFH aurait, malheureusement, été spoliée par l’ancien régime. Mais il y a également l’exemple de l’OMMP qui a autorisé Sakhr El Matri à exercer ses activités au port pour bateaux de croisières qu’il a développées à La Goulette sans l’avoir soumis aux réglementations d’usage.
Le Conseil général des Ponts et Chaussés a également changé de tête, ce qui laisse prévoir plus de transparence et d’équité dans l’attribution des appels d’offres publics. L’appel d’offres RFR (Réseau ferroviaire rapide), dont une partie des travaux a été attribuée à Imed Trabelsi associé à une entreprise étrangère, a été également été revu et corrigé par les nouveaux responsables du ministère du Transport. «L’entreprise qui devait assurer les travaux ne répond pas aux critères techniques exigés par l’appel d’offres, l’accord tombe donc à l’eau. Il ne s’agit pas de doter le Grand Tunis d’un RFR dont une composante n’est pas des plus sûres».
Pour Yassine Brahim, son rôle tant qu’il fera partie du gouvernement, ne sera pas que de faire tourner la machine, mais il l’engagera ainsi que ses collègues, avec lesquels il travaille en équipe, à prendre des décisions qui vont permettre au pays d’avancer. «Nous travaillons en équipe, parce que nous savons que nous sommes en mission et que nous devons remettre le pays en marche, notre ego, nous l’avons laissé de côté, il ne s’agit pas de faire du vedettariat».