émission, à Lisbonne le 23 mars 2011 (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[24/03/2011 11:11:40] BRUXELLES (AFP) L’Europe se retrouve jeudi au chevet du Portugal après la démission du Premier ministre qui rapproche le pays d’un plan d’aide financière extérieure, à l’instar de la Grèce et de l’Irlande, et menace de déstabiliser à nouveau la zone euro.
Les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays de l’Union européenne se réunissent à partir de 17H00 (16H00 GMT) à Bruxelles, pour adopter un arsenal contre les crises de la dette préparé depuis des mois.
Mais le sommet est bousculé par l’urgence portugaise.
Le Premier ministre José Socrates a présenté mercredi soir sa démission, prenant acte du rejet à la chambre des députés, où son gouvernement est minoritaire, d’un nouveau programme d’austérité censé éviter au pays de demander l’aide internationale.
“Cette crise politique, en ce moment, aura des conséquences gravissimes sur la confiance dont le Portugal a besoin auprès des institutions et des marchés financiers”, a mis en garde M. Socrates.
Il représentera son pays à Bruxelles en tant que chef de gouvernement démissionnaire.
Les pays européens se préparent du coup à devoir débloquer à plus ou moins brève échéance des prêts en faveur du Portugal, dont les taux d’emprunt sur les marchés financiers grimpent fortement.
Le montant d?une éventuelle aide au Portugal avait été estimé à environ 50 milliards à l’automne. Depuis, un haut responsable européen a évoqué un montant pouvant atteindre jusqu’à 100 milliards d’euros.
Après une période d’accalmie, l’Union monétaire pourrait donc être précipitée dans une nouvelle zone de turbulences, susceptible de placer l’Espagne à son tour en première ligne face aux marchés.
Elle n’est pas à l’abri, alors que l’agence de notation financière Moody’s a annoncé jeudi qu’elle abaissait d’un cran ou plus les notes de 30 banques espagnoles.
Pour ne rien arranger, des difficultés de dernière minute compliquent la tâche des pays européens pour se doter d’un dispositif complet de défense contre les crises de la dette, l’objet officiel du sommet.
Les dirigeants de l’UE doivent en effet entériner un ensemble de mesures incluant un Fonds de soutien financier permanent, qui nécessitera un changement de traité européen, un renforcement de la discipline budgétaire et de la compétitivité.
Des accords ont déjà été trouvés sur la plupart des points, au moins au niveau de la zone euro. Mais des difficultés demeurent.
Alors que les ministres européens des Finances étaient tombés d’accord lundi sur le financement de leur futur mécanisme afin qu’il puisse prêter 500 milliards d’euros, la chancelière allemande Angela Merkel demande plus de temps que prévu pour verser la contribution qui lui reviendra.
Les Européens doivent encore s’entendre aussi sur les moyens pour augmenter la capacité effective de prêt du Fonds de soutien actuel à 440 milliards d’euros (contre 250 milliards d’euros environs actuellement).
L’option privilégiée jusqu’ici est de le faire via une hausse des garanties.
Mais la décision devrait être reportée à plus tard car la Finlande, en pleine campagne électorale, “a exclu toute augmentation des garanties du Fonds vendredi”, selon une source diplomatique.
Autre dossier sensible: l’Irlande, car la situation de ses banques criblées de dette pourrait être pire que prévue. Et Dublin souhaite renégocier les conditions de ses prêts européens, un dossier qui risque d’être toutefois reporté aux semaines à venir.
Les dirigeants de l’UE doivent aussi valider un “pacte pour l’euro”, dans lequel ils s’engagent à réformer leurs économies. Il mécontente toutefois les syndicats européens, qui le jugent “anti-social”. Plusieurs milliers de personnes manifestaient jeudi à Bruxelles à leur appel.