à Lisbonne. (Photo : Francisco Leong) |
[24/03/2011 14:03:10] LISBONNE (AFP) Après la chute de leur gouvernement, les Portugais craignent maintenant le “pire”, conscients que l’austérité va non seulement continuer mais risque encore de s’aggraver, avec le spectre d’une banqueroute aux conséquences imprévisibles.
Attablé à une terrasse du vieux Lisbonne à l’heure du petit-déjeuner, Sebastiao Nogueira est “inquiet, comme tout le monde”.
“C’est le pire moment pour une crise politique. Ce qui va se passer est désastreux, c’est l’arrivée du FMI et les gens vont encore souffrir davantage que maintenant”, dit à l’AFP cet opticien de 58 ans, convaincu comme beaucoup de Portugais que le pays n’échappera pas à une “tutelle internationale”, comme déjà à deux reprises, en 1978-1979 puis en 1983-1985.
“C’est effrayant les hommes politiques qu’on a! Personne n’est préoccupé par le pays!”, accuse-t-il, reprenant un reproche qui se répète en écho dans les rues lisboètes, au lendemain de la démission du Premier ministre socialiste José Socrates, provoquée par le rejet au Parlement de son nouveau programme d’austérité, le quatrième en un an.
Jeudi, à Lisbonne, l’homme de la rue était partagé entre la satisfaction de voir partir un Premier ministre de plus en plus impopulaire et la crainte d’une débâcle financière imminente, la perspective d’élection anticipées suscitant peu d’espérance.
“Je ne comprends rien mais il ne nous manquera pas!”, lance une dame âgée sur un ton de défi, avant de s’éloigner en trottinant.
Elvira Cerqueira, qui fait habituellement les ménages dans le métro, “encore en grève” ce jeudi, est péremptoire: “Socrates a bien fait de démissionner, il n’a fait que des bêtises”.
“Mais maintenant, un autre viendra pour faire pareil. Les politiciens et leurs familles, ils ne gagnent pas 500 euros comme nous!” s’exclame-t-elle, assurant que, “moi, en tout cas je ne voterai pour personne.
à Cova da Moura, un quartier de la banlieue de Lisbonne, le 7 avril 2006. (Photo : Nicolas Asfouri) |
“Sa démission, c’est une super idée!”, se félicite une jeune femme, qui se présente comme “une précaire comme beaucoup d’autres”. “Mais, avoue-t-elle, J’ai peur de la banqueroute. Les politiques disent que ce n’est pas vrai, que ça n’arrivera pas mais on ne sait pas s’ils disent la vérité”.
“Tout le pays a peur: la politique va mal, le monde va mal. On a peur pour nos enfants. C’est très compliqué pour les jeunes, pour trouver un emploi, pour avoir un logement”, explique une sexagénaire, qui se promène avec une amie dans le quartier commerçant de la Baixa.
“On est déjà à un point de rupture tel que je ne vois pas comment il peut y avoir de nouvelles mesures”, dit Maria, alors depuis d’un an, les Portugais ont déjà vu leurs salaires et les aides sociales baisser, les impôts augmenter pendant que la vie est de plus en plus chère.
“Pour moi, le mieux serait que le FMI vienne tout de suite, au moins comme ça, le peuple ne sera pas le seul à payer la crise”, lance Paulo Silva, un informaticien de 32 ans au chômage, accoudé devant une bière dans un bar.
“C’est toujours très mauvais un sauvetage du FMI, de la BCE, de la Commission…” lui rétorque Luis Costa, 48 ans.
“Mais, croit-il savoir, nos partenaires européens feront tout pour que le Portugal n’en arrive pas là. Et, si le FMI doit venir, qu’il vienne, pour qu’on sorte vite de cette situation!” finit-il par lâcher.
“De toutes façons, les Portugais vont le sentir dans leur chair”, conclut-il.