à Meise près de Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[24/03/2011 15:31:06] DUBLIN (AFP) L’Irlande -et par ricochet la zone euro- a enregistré jeudi une mauvaise nouvelle supplémentaire avec l’annonce d’un recul de 1% de son Produit intérieur brut en 2010, alors que la situation de ses banques semble encore plus dégradée que prévu malgré les milliards déjà injectés.
Cette annonce est intervenue au moment où les dirigeants européens se retrouvaient à Bruxelles au chevet du Portugal qui, en pleine crise politique, se rapproche à son tour d’un plan d’aide internationale après la Grèce et l’Irlande.
Les statistiques officielles divulguées jeudi montrent que l’ancien “Tigre celtique” est loin d’être sorti d’affaire malgré le plan de 85 milliards d’euros conclu en novembre avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international dans l’espoir de sauver son secteur bancaire et de relancer l’économie.
Celle-ci a enregistré au dernier trimestre 2010 une contraction inattendue de 1,6% par rapport au trimestre précédent.
Le rebond du 3e trimestre (+0,6%) permet à l’Irlande d’échapper formellement à un retour dans la récession -qui se définit par deux trimestres consécutifs de contraction du PIB- mais le bilan de l’ensemble de l’année 2010 n’en reste pas moins négatif, à -1%.
C’est le troisième repli annuel consécutif de l’économie irlandaise, son PIB ayant déjà chuté de 3,5% en 2008 et de 7,6% en 2009 en raison de la crise immobilière qui l’a frappée de plein fouet.
Or, selon tous les économistes, seule une reprise vigoureuse peut permettre au pays de sortir enfin la tête de l’eau en renflouant les caisses de l’Etat et en faisant baisser le chômage, qui touche désormais 13,5% de la population active.
Mais la Banque Centrale d’Irlande ne prévoit plus qu’une croissance de 1% en 2011, plombée par les mesures d’austérité exigées en échange de l’aide internationale, prévision qui pourrait d’ailleurs encore pécher par optimisme.
Les difficultés des banques irlandaises ont fait grimper le déficit du pays à un niveau astronomique, 32% de son PIB l’an dernier, provoquant la défiance des marchés et obligeant Dublin à réclamer une aide extérieure vécue comme une humiliation nationale, au point de faire tomber le gouvernement.
Le nouveau Premier ministre, Enda Kenny, tente depuis près d’un mois de renégocier avec ses partenaires européens les conditions du plan.
Tout en campant sur son refus de relever son très faible taux d’imposition des sociétés, fixé à 12,5% et critiqué par la France et l’Allemagne, M. Kenny semble prêt à faire des concessions sur une harmonisation de l’assiette fiscale permettant de calculer cet impôt.
L’assouplissement de la position irlandaise, ont noté les analystes, a coïncidé avec l’approche des résultats, attendus d’ici le 31 mars, de nouveaux tests de résistance imposés par Dublin aux banques du pays, déjà renflouées à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Selon les premières indications, les résultats de ces tests s’annoncent bien plus mauvais que prévu et la nouvelle facture pourrait même dépasser les 35 milliards d’euros prévus pour les banques dans le plan d’aide.
Le ministre irlandais des Finances Michael Noonan a donné une indication de la gravité de la situation en expliquant à la mi-mars qu’il espérait un geste des autorités européennes pour étaler le processus de restructuration des banques promis à la communauté internationale.