ésident de la BCE, le 15 mars 2011 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[24/03/2011 15:09:49] MADRID (AFP) Les deux pays sont d’étroits partenaires économiques, les analystes s’inquiètent de leur solvabilité, et pourtant l’Espagne, grâce à son effort de réformes, devrait éviter dans l’immédiat l’effet domino en cas de plan de sauvetage portugais, selon plusieurs experts.
La démission mercredi du Premier ministre portugais, qui pourrait contraindre Lisbonne à demander une aide financière extérieure, a logiquement braqué les regards des marchés et des médias vers son voisin le plus proche.
Mais ce dernier n’apparaît plus de manière aussi claire comme le suivant sur la liste.
“Il y a quelques mois, c’est vrai que tout le monde était mis dans le même sac”, Grèce, Irlande, Portugal et Espagne, observe Jesus Castillo, spécialiste chez Natixis de l’Europe du Sud.
“Depuis on a vu que l’Espagne a mené des réformes importantes, des retraites et du marché du travail, et ce qui a été déterminant dans sa différenciation avec le Portugal et les autres pays d’Europe du Sud, c’est l’avancement très rapide de sa réforme du système financier”, souligne-t-il.
En moins de deux ans le pays a contraint ses fragiles Caisses d’épargne à fusionner, les faisant passer de 45 à 14, tout leur imposant des critères de solvabilité particulièrement stricts.
Avant “nous étions dans le même bateau et l’impression était qu’après le Portugal, viendrait le tour de l’Espagne”, rappelle Marian Fernandez, stratégiste chez Inversis.
Désormais “l’impact (d’un éventuel plan de sauvetage) devrait être mineur parce que depuis plusieurs mois le marché a valorisé le fait que la situation en Espagne est différente de celle au Portugal”.
La ministre de l’Economie, Elena Salgado, a elle aussi souligné que “les marchés avaient montré qu’ils reconnaissaient les efforts” entrepris par l’Espagne.
“Il est très significatif de voir que lors des émissions obligataires espagnoles ces dernières semaines, il y a eu plus de demande que jamais, alors que le plan de sauvetage du Portugal était déjà évoqué”, note Marian Fernandez.
Ces émissions se sont déroulées avec des taux d’intérêt en baisse, signe d’un regain de confiance des investisseurs. Autre indice, le différentiel avec le Bund allemand atteignait 192 points de base jeudi, contre 199 une semaine plus tôt et 283 à son maximum, le 30 novembre dernier.
“Les tensions périphériques semblent largement confinées au Portugal, à l’Irlande et à la Grèce, mais l’Espagne reste encore en dehors des radars des investisseurs”, souligne Citi dans une note.
Ce répit pourrait être de courte durée, avertissent toutefois certains économistes.
D’une part “l’exposition des banques espagnoles au Portugal est très élevée, autour de 80 milliards d’euros”, note Javier Diaz-Gimenez, professeur à l’IESE Business School, qui considère ce pays comme “un des grands facteurs de risques” pour l’économie de son voisin.
Un plan de sauvetage portugais “pourrait augmenter la pression spéculative sur le marché obligataire espagnol”, obligeant le Trésor à concéder des taux élevés, soulignent les analystes de Rabobank. “Chaque fois que les coûts de financement augmentent, la probabilité d’un besoin d’aide financière augmente”.
En outre “l’Espagne a ses propres problèmes en plus du Portugal”: un chômage de 20%, une croissance atone, des finances régionales peu contrôlées par Madrid et un secteur bancaire dont les besoins en capitaux dépasseront la dizaine de milliards d’euros dans les prochains mois, souligne Javier Diaz-Gimenez.
“Cela reste un pays en difficulté parce que sa solvabilité à très long terme n’est pas garantie à 100%”, admet Jesus Castillo.
“La périphérie européenne reste en ligne de mire et même si nous sommes sortis du groupe des pays les plus touchés ou en voie de sauvetage (…), le marché va continuer à nous soumettre à un examen continu”, insiste Marian Fernandez.