«Le marché financier ne couvre pas la totalité des besoins de la Tunisie, mais partiellement. Pour ce qui est du remboursement de notre dette extérieure, nous avons une échéance qui tombe dans les prochaines semaines et nous sommes en mesure de la rembourser sans aucun problème en attendant la deuxième. Concernant le recours au marché financier international, nous pouvons le reporter au deuxième semestre de l’année ou même à l’année prochaine», estime Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et de la Coopération internationale.
Il faut reconnaître que les fondamentaux de l’économie tunisienne restent solides même si la notation de la Tunisie a baissé pour des raisons afférentes au climat qui règne dans le pays depuis la révolution et se rapportant particulièrement à la sécurité, la stabilité et la visibilité des orientations futures du pays. Toutefois, les instances internationales sont disposées à aider la Tunisie et à la soutenir. Nous pouvons citer à ce propos la Banque européenne d’investissement (BEI) ou l’Agence française de développement (AFD).
Pour ce qui est de la dette extérieure de la Tunisie, et à supposer qu’on arrive à compenser tous les besoins additionnels y compris le manque à gagner à cause de la baisse des recettes touristiques, eh bien l’encours de l’année se situera à 38% au lieu de se positionner à 34,6%, ce qui reste dans les normes pour des pays comme le nôtre en matière de taux d’endettement.
La dette extérieure de la Tunisie est à hauteur de 70% remboursable sur une période qui dépasse les 10 ans.
Toutefois, aujourd’hui, depuis la découverte du niveau de corruption qui a atteint tous les aspects de la vie publique et économique sous le règne Ben Ali, des questions se posent avec acuité quant à la manière dont ont été utilisés les prêts contractés à l’international.
Des membres de diverses assemblées parlementaires européennes sont même allées jusqu’à appeler via, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde à «la suspension immédiate du remboursement des créances européennes sur la Tunisie (avec gel des intérêts) et la mise en place d’un audit de ces créances. Cet audit, qui devra associer des représentants de la société civile comme l’a fait le gouvernement équatorien en 2007-2008, permettra de faire la lumière sur la destination des fonds empruntés, les circonstances qui entourent la conclusion des contrats de prêts, la contrepartie de ces prêts (les conditionnalités) ainsi que leurs impacts environnementaux, sociaux et économiques».
Ceci, sachant que la dette de la Tunisie s’élève à 14,4 milliards de dollars et que l’actuel gouverneur de la Banque centrale de Tunisie envisagerait d’affecter 577 millions d’euros du budget de l’État au remboursement du service de la dette publique extérieure pour l’année 2011.
Pour Abdelhamid Triki, il n’y a aucune raison de s’inquiéter quant au bon usage des dettes contractées par le gouvernement tunisien sous le régime Ben Ali: «Les procédures suivies par les bailleurs de fonds, que ce soit la Banque mondiale, la BAD, l’Union européenne ou la BEI sont des procédures qui garantissent le meilleur emploi des prêts internationaux».
Les projets financés par des fonds internationaux doivent être inscrits aux plans de développement qui doivent être ratifiés par les deux chambres et préalablement soumis au Conseil de développement qui représente toutes les sensibilités politiques du pays.
Pour sélectionner un projet, le bailleur de fonds s’assure que les comptes de l’institution concernée pour les trois dernières années sont audités et certifiés par un auditeur externe inscrit à l’ordre des experts comptables et commissaires aux comptes.
D’autre part, les dossiers d’appel d’offres sont soumis pour approbation au bailleur de fonds. Les séances d’ouverture des plis sont publiques, parfois en présence du bailleur de Fonds lui-même. Les versements sont effectués par tranches, le versement d’une tranche donnée ne peut se faire que si 60% à 80% de la tranche précédente a été utilisée, justifiée et auditée.
Cette procédure prouve par conséquent qu’il aurait été très difficile pour Ben Ali et co de puiser dans les prêts extérieurs accordés à la Tunisie.
Tout en rappelant que nos besoins en financements proviennent à hauteur de 75% de l’épargne nationale et 25% des financements extérieurs y compris es IDE.