à La Havane |
[25/03/2011 15:10:18] LA HAVANE (AFP) La guerre de l’internet bat son plein à Cuba entre blogueurs pro-régime et opposants qui cherchent à imposer leur vision de l’île communiste sur les réseaux sociaux, parfois avec force ironie.
Plus de 200 blogueurs pro-régime (http://bloguerosrevolucion.ning.com) et 70 critiques du gouvernement du président Raul Castro échangent accusations et moqueries sur la toile, à travers les blogs, Twitter, Facebook, Vimeo ou Youtube.
Les partisans du régime taxent de “cybermercenaires” manipulés par les Etats-Unis ceux de l’autre camp, qui eux-mêmes surnomment leurs adversaires “cyberpoliciers”.
Mais ce conflit est surtout suivi à l’extérieur, car seuls 1,6 million des Cubains ont accès à l’internet, à cause de l’embargo américain selon les autorités, de la censure selon l’opposition.
Le dernier épisode de cette bataille virtuelle remonte à la diffusion cette semaine à la télévision d’un documentaire officiel, “Les Raisons de Cuba”, et d’une vidéo d’opposition, “Raisons citoyennes”, publiée sur Vimeo.
Dans l’émission, les autorités s’en prennent à la blogueuse Yoani Sanchez, montrée en compagnie de diplomates américains et qualifiée de “vedette politique” financée à hauteur de 500.000 dollars par des prix internationaux.
“Les cyberdissidents ne sont pas un phénomène nouveau. A travers des blogueurs et des réseaux sociaux” des rébellions et des critiques contre le socialisme ont été orchestrées, affirme le documentaire.
Yoani Sanchez a lancé son blog en 2007 dans 20 langues (http://www.desdecuba.com/generaciony/). Elle affirme dans la vidéo de l’opposition que “la nouvelle diabolisation de l’internet” bat son plein parce que le gouvernement “est sur les nerfs” et craint que les réseaux sociaux ne jouent un “rôle similaire” à celui qu’ils ont eu pendant la révolte populaire en Egypte, qui a chassé le président Hosni Moubarak.
En février, des blogs officiels et Cubadebate.cu, qui publie régulièrement les “Réflexions” du père de la révolution cubaine Fidel Castro, ont tourné en dérision un appel à la révolte à Cuba lancé sur Facebook.
Sur une vidéo officielle, on voyait des enfants jouer au baseball et des personnes âgées se reposer dans le parc où devait avoir lieu la manifestation.
La confrontation risque de s’intensifier avec l’arrivée en juillet d’un nouveau câble optique vénézuélien. Les deux camps pourront surfer plus vite, les blogeurs révolutionnaires avec leur connexion et les opposants dans des hôtels à 7 dollars de l’heure (le tiers du salaire mensuel moyen).
Yoani Sanchez, 35 ans, suivie sur Twitter par 100.000 fans, a fondé une école de blogueurs “pour briser le cercle d’informations du gouvernement”, tandis que Cubadebate a lancé son portail en anglais et se réjouit que le compte Twitter @reflexionfidel (Réflexion de Fidel) dépasse les 100.000 abonnés.
“Nous avons un million de professionnels, une force incalculable, que la contre-révolution n’a pas”, dit le blogueur Enrique Ubieta (http://la-isla-desconocida.blogspot.com).
Au milieu de cette cyberguerre, l’Américain Alan Gross, 61 ans, a été condamné il y a dix jours à 15 ans de prison, pour avoir distribué des “matériels de communication sophistiqués” à des opposants.
Selon Washington, Alan Gross était employé par Development Alternatives, qui cherchait à aider la communauté juive de Cuba à communiquer avec l’extérieur, à l’aide de téléphones portables et d’ordinateurs.
Des notes diplomatiques divulguées sur le site internet Wikileaks ont montré que Washington pariait sur les jeunes blogueurs.
Le régime cubain, lui, pense que “l’ennemi” tente d’introduire des antennes satellite camouflées jusque dans des planches de surf.