Sables bitumineux : premier “succès” de Greenpeace pour faire bouger Total

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Des sables bitumineux (Photo : Mark Ralston)

[25/03/2011 16:42:11] PARIS (AFP) Greenpeace et la société de gestion d’actifs Phitrust ont affirmé avoir remporté un “premier succès” dans leur tentative de pousser, grâce aux actionnaires, le pétrolier Total à communiquer sur l’impact environnemental de ses projets d’exploitation de sables bitumineux au Canada.

“Pour la première fois en France de grands actionnaires européens de Total ont réuni 0,68% du capital de la société, soit plus de 16 millions de titres, pour déposer une résolution sur un sujet environnemental” à la prochaine assemblée générale (AG) du 13 mai, a annoncé Greenpeace vendredi.

L’initiative avait été annoncée le 16 février dernier par l’organisation écologiste et Phitrust, soutenues par l’ONG américaine Natural Resources Defense Council (NRDC). Phitrust Active Investors gère les avoirs de fonds d’investissement ayant 3 millions d’euros de titres Total.

Le texte de la résolution, qui devrait être inscrit à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale selon Greenpeace, demande une modification de l’article 14 des statuts de l’entreprise.

Si le texte était voté, ce qui nécessite 66% des voix de l’AG, le conseil d’administration serait contraint de communiquer dans son rapport annuel de gestion sur “l’impact des risques environnementaux et sociaux de l’ensemble des projets de sables bitumineux”.

Une porte-parole de Total, contactée par l’AFP, n’a voulu ni confirmer ni démentir que la résolution avait réuni une part suffisante du capital pour pouvoir être déposée, ajoutant que le conseil d’administration devait examiner la proposition de modification des statuts lors d’une réunion qui se tenait ce vendredi après-midi.

Total a prévu d’investir entre 11 et 14,5 milliards d’euros dans l’exploitation des sables bitumineux, un pétrole non-conventionnel dont le Canada dispose de réserves prouvées de 170 milliards de barils.

La production actuelle du géant français dans cette région atteint environ 20.000 b/j dans la province d’Alberta (ouest du Canada). Ce pétrole visqueux y est extrait par injection d’eau dans des forages allant jusqu’à 100 mètres sous terre. Le “bitume” est ensuite valorisé dans des unités de décantation avec addition d’eau chaude et de solvants pour le rendre plus léger et facilement transportable.

Selon Greenpeace, “pour obtenir ce pétrole on produit trois à cinq fois plus de gaz à effet de serre que pour du brut conventionnel” sans parler de “la destruction de la forêt boréale primaire”.