Avec internet, Andy Carvin ouvre une fenêtre unique sur les révoltes arabes

photo_1301172584910-1-1.jpg
écrans, le 25 mars 2011 à Washington (Photo : Mandel Ngan)

[26/03/2011 20:54:11] WASHINGTON (AFP) Inconnu il y a encore quelques mois, Andy Carvin, un Américain de 39 ans, compte désormais près de 40.000 personnes suivant son compte sur le site de microblogs Twitter, une fenêtre unique sur les révoltes dans le monde arabe.

A des médias faisant face à leur propre révolution, Andy Carvin, qui travaille pour la radio publique nationale NPR depuis Washington, offre un aperçu de ce que sera peut-être à l’avenir le journalisme.

Depuis fin décembre, l’homme au front légèrement dégarni est scotché à un ordinateur, diffusant sans répit des messages “parfois pendant 16 ou 17 heures par jour, sept jours sur sept”, assure-t-il dans un entretien à l’AFP.

Andy Carvin a d’abord rendu compte des manifestations en Tunisie, puis des révoltes en Egypte, à Bahreïn, au Yémen, en Libye et maintenant en Syrie.

Son comte, @acarvin, est un flux incessant de messages d’insurgés, de témoins oculaires, d’expatriés et d’observateurs, accompagné de liens vers des informations de presse, des photos et des vidéos.

Carvin, qui s’est déjà rendu au Moyen-Orient mais ne parle pas l’arabe, ne se contente pas de relayer des messages, il y rajoute des contraintes journalistiques.

“La source?” demande-t-il ainsi à un interlocuteur qui diffuse sur son compte @mohdashoor un message affirmant que la maternité d’un hôpital de Bahreïn soignant des manifestants blessés a été détruit par les autorités.

“Je remet souvent en cause les choses”, assure-t-il. “La majorité des gens qui diffusent des informations ont le coeur qui penche du bon côté mais quelques fois le brouillard de la guerre les enveloppe comme n’importe quel journaliste”.

photo_1301172735273-1-1.jpg
évoltes arabes sur Twitter, le 25 mars 2011 à Washington (Photo : Mandel Ngan)

“La plupart de ces personnes ont clairement une préférence, ils savent qui ils veulent voir remporter la bataille”, estime-t-il.

Il assure que beaucoup d’Egyptiens ont des comptes Twitter, ce qui n’est pas le cas des Yéménites ou des Libyens dont les pays sont moins bien connectés à internet, selon lui.

En Libye, “ils sont dans une situation très, très difficile parce que le seul fait d’essayer de diffuser des informations fait de vous une cible”.

Et Andy Carvin connaît les dangers du “journalisme citoyen”: un de ses contacts en Libye, Mohammad Nabbous, qui conduisait une émission en direct depuis Benghazi, fief de la rébellion dans l’est du pays, a été tué par balles le 19 mars.

Pour faire connaître la réalité de ce qui se passe dans le monde arabe, Andy Carvin utilise Twitter, mais pas seulement. Il se sert aussi de Facebook, de Skype, des courriels et de manière occasionnelle du téléphone. “Facebook et YouTube, ainsi que d’autres site de partage de contenus, ont été une mine d’or en matière de nouveaux contenus” à diffuser.

La fréquentation de son compte Twitter a plus que doublé depuis qu’il a commencé à rendre compte des révoltes dans le monde arabe, avec des conducteurs de poids lourds, des poètes, des détectives et mêmes des ambassadeurs et des stars de football américain suivant son compte.

L’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Susan Rice, a ainsi recommandé vendredi aux personnes suivant son compte @AmbassadorRice de suivre celui de Carvin, tout comme l’a fait récemment la star de football américain Chad Ochocinco, dont le compte @ochocinco est suivi par 1,8 million de fans.

Chad Ochocinco “a envoyé un tweet à toutes les personnes qui le suivent me recommandant auprès d’eux comme source d’informations et disant +Si vous ne regardez pas la télé, suivez @acarvin, il est ma seule source d’informations en ce moment+”, se félicite Andy Carvin.