Une note confidentielle de l’Institute of International Finance analyse les difficultés que la Tunisie de l’après-14 janvier 2011 et les conditions d’un avenir économique meilleur.
Le présent et le futur proche de la Tunisie de l’après-14 janvier 2011 seraont difficiles et son avenir lointain prometteur: cette conviction, partagée par bon nombre –pour ne pas dire l’écrasante majorité- de Tunisiens, l’Institute of International Finance (IIF) l’a étayé par une note confidentielle intitulée «Tunisie: défis à court terme et opportunités à long terme».
Selon la note de recherche de cette association mondiale, regroupant près de 400 institutions financières, l’instabilité générée par la «difficile transition vers un système politique plus ouvert, démocratique et responsable» auront un «impact majeur sur l’économie» au cours de l’année en cours. Certes, les couvertures de défaillance en matière de crédits ont peu augmenté, le taux de change est resté généralement stable à 1,42 dinar contre le dollar, mais la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT) a chuté de près de 8% depuis fin 2010.
En outre, le pays devrait enregistrer en 2011 une baisse du produit intérieur brut (en raison de la conjonction de deux facteurs: perturbation de l’activité économique et ralentissement de la croissance en Europe), une aggravation du déficit fiscal et du compte courant extérieur (en raison de la baisse des recettes fiscales à cause du ralentissement de l’économie et des pressions en vue d’augmenter les dépenses publiques pour créer de nouveaux emplois et rétablir les subventions des produits alimentaires et du pétrole), et une augmentation des créances douteuses des banques.
A partir de 2012, la Tunisie peut retrouver un rythme de croissance plus élevé, mais certaines conditions doivent être remplies pour que ce potentiel se concrétise à partir de l’année prochaine, estime la note d’IIF.
D’abord, il faudrait que «tous les aménagements institutionnels pertinents pour un nouvel ordre politique» soient effectués d’ici la fin de cette année. Les auteurs de la note (George T. Abed et Garbis Iradian) estiment en outre qu’«il est de ce fait crucial que la transition vers un nouvel ordre politique incluent des réformes structurelles fondamentales, à la fois dans les sphères politique et économique». Et «plus tôt la transformation est réalisée meilleures sont les perspectives pour des rythmes de croissance supérieurs et durables et pour une réduction significative du chômage».
Observant qu’un taux de croissance de 6-8% est nécessaire pour «aider à diffuser les bénéfices aux classes moyennes et inférieures», la note estime que de tels de taux de croissance «nécessitent beaucoup plus d’investissements que ceux enregistrés par la Tunisie durant les deux dernières décennies et des améliorations supplémentaires de l’environnement des affaires, y compris une plus grande transparence et responsabilité du gouvernement et une concurrence plus efficiente dans le secteur privé».
Le pays a également besoin d’un «meilleur modèle de croissance pour passer d’une économie à faible valeur ajoutée et à faible coût à une économie à plus haute valeur ajoutée et à forte intensité du savoir, en vue de réduire le chômage, notamment parmi les jeunes et les éduqués».
En outre, la Tunisie, qui «a réussi à percer dans l’industrie légère au milieu des années 70», a aujourd’hui besoin de diversifier ses marchés cibles –en direction par exemple de la région MENA et de l’Afrique sub-saharienne et ses produits.
Enfin, elle est appelée à améliorer sa gouvernance. Et là la note de l’IIF s’inscrit en faux contre les indicateurs de compétitivité, corruption et gouvernance pour la Tunisie et d’autres pays en développement car ils «exagèrent les aspects positifs en raison» de leur partialité au niveau de l’échantillonnage. A titre d’exemple, les indicateurs publiés par la Banque mondiale et Transparency International «ont échoué à saisir l’étendue de la corruption en Tunisie». Une «corruption prédatrice» qui «a augmenté parmi la famille régnante récemment chassée du pouvoir, qui contrôlait de larges segments de l’économie et, par conséquent, décourageait l’investissement privé».