Les responsables français veulent corriger certaines erreurs du passé. Intérêt économique oblige sans doute, la France étant le premier client, premier fournisseur et le 3ème investisseur dans le secteur industriel. Donc, la préservation des intérêts de la France après la révolution tunisienne devient une nécessité absolue pour la classe politique française.
C’est ainsi que les visites ministérielles se multiplient. Dernière en date, celle d’Eric Besson, ministre de l’Industrie, de l’Energie et de l’Economie numérique, qui vient d’effectuer une visite de travail de deux jours en Tunisie, les 24 et 25 mars 2011. Avec un agenda chargé: entretiens avec des responsables tunisiens, visites d’entreprises, rencontre avec des bloggeurs tunisiens mais aussi déplacement dans les gouvernorats de Béja et du Kef.
Point d’orgue de cette visite, une rencontre avec les journalistes tunisiens, le 25 mars, au cours de laquelle M. Besson dira, à l’instar des autres ministres français: «Nous sommes venus affirmer notre confiance dans l’évolution de la transition démocratique de la Tunisie. Nous insistons aussi sur la confiance des industriels français qui envisagent de poursuivre leurs activités». Il n’oubliera pas de mentionner certaines questions ayant trait à la hausse des salaires et à la compétitivité de la Tunisie ainsi qu’à sa place dans le commerce international.
Coopération énergétique et industrielle…
Mais au vu des visites qu’il a effectuées dans certaines entreprises, il est aisé de comprendre que sa préoccupation majeure –et c’est normal-, c’était la “santé“ des sociétés françaises installées en Tunisie. Et ce n’est pas anodin si M. Besson a réuni, autour d’une table, les industriels du secteur automobile mais aussi du textile. Ainsi, le ministre s’est déplacé à l’usine COFAT (à Béja), l’un des principaux fournisseurs du constructeur automobile français PSA en câbles automobiles, et à TELNET, la société tunisienne d’ingénierie partenaire de plusieurs sociétés françaises tels qu’Altran, Safran et Dessault systems.
Par ailleurs, Eric Besson et son homologue tunisien Abdelaziz Rassaa ont signé un accord de coopération dans le domaine des énergies renouvelables consistant à associer la Tunisie, représentée par la STEG, aux travaux du consortium MEDGRID pour le développement des interconnexions électriques en Méditerranée. L’accord stipule également la création d’un comité mixte franco-tunisien pour l’industrie.
En outre, la rencontre entre les deux ministres a permis de lancer l’action «passeport pour l’économie numérique», consistant en des modules de formation et partenariat d’acquisition à bas coûts d’équipements visant à développer l’usage des nouvelles technologies de l’information par les petites et les très petites entreprises.
Renforcer le partenariat…
Les régions n’ont pas été oubliées dans cette visite de M. Besson pour qui celles-ci constituent un axe fondamental de la coopération tuniso-française. Dans cet esprit, à Béja, le ministre français a visité le centre régional de commande électrique et un projet de développement agricole. Au Kef, une table ronde a débattu du développement régional avec la participation d’acteurs sociaux. Sur ce plan, Eric Besson a affirmé que l’Agence Française de Développement (AFD) a mobilisé 150 millions d’euros en 2010 pour le projet du réseau gaz du nord-ouest.
M. Besson a, par ailleurs, indiqué que les Premiers ministres des deux pays avaient engagé des discussions sur l’aide globale française à la Tunisie. Il précisera aussi la venue de plusieurs ministres français en Tunisie ces dernières semaines vise à renforcer le partenariat tuniso-français.
Et comme les affaires ont horreur de l’instabilité politique, les responsables français misent beaucoup sur le passage à des institutions stables et sur la reprise de l’économie. «Il est évident que travailler avec une démocratie est un plus. Il est important de favoriser un cadre législatif favorable et un environnement des affaires sain». Quant aux revendications sociales et la relation de certaines entreprises françaises avec des membres de la famille Trabelsi, M. Besson dira tout simplement que cette question n’est pas de son ressort. «Ce que je peux vous dire c’est que la France œuvre pour que toutes les entreprises françaises restent et se développent. Ceci découle de notre responsabilité».
Rappelons que la valeur des échanges commerciaux tuniso-français s’est élevée à 7 milliards d’euros en 2010. L’évolution est de 29% pour les exportations et de 19% pour les importations. Le stock d’IDE est de 1 milliard d’euros. 1.250 entreprises françaises sont installées en Tunisie, générant 110 mille emplois.