Remplacer le pétrole libyen, un casse-tête pour les pays consommateurs

photo_1301393836663-1-1.jpg
étrole de la compagnie nationale libyenne, le 26 février 2011 à Brega (Photo : Gianluigi Guercia)

[29/03/2011 10:25:24] WASHINGTON (AFP) La mise à l’arrêt des puits de pétrole en Libye constitue un casse-tête pour les pays consommateurs, à la recherche de solution de rechange pour compenser la perte d’une source de brut léger très prisé des raffineurs.

Après un mois de conflit entre les rebelles et les forces du colonel Mouammar Kadhafi, le marché pétrolier mondial est privé de 1,3 million de barils de pétrole qu’exportait le pays avant la crise, en grande partie vers l’Europe.

Cela représente environ 1,5% de la consommation d’or noir de la planète.

Sur le papier, compenser cette perte n’est pas très compliqué. L’Arabie Saoudite, premier pays producteur au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a indiqué qu’elle disposait d’une capacité de production supplémentaire de 3,5 millions de barils par jour si nécessaire.

Mais dans les faits, le brut disponible dans le royaume est de qualité moindre que l’or noir pompé dans le sous-sol libyen. Plus léger, présentant une faible teneur en soufre, le brut libyen est plus facile et moins coûteux à raffiner pour obtenir des carburants.

Les consommateurs “sont obligés d’évaluer les options dont ils disposent, parce qu’il semble maintenant clair que l’offre en provenance de Libye pourrait être perturbée pendant un moment”, estime Bhushan Bahree, analyste au cabinet spécialisé IHS Cera.

photo_1301393886319-1-1.jpg
étrole libyen

“Les bruts qui sont très proches se trouvent en Algérie, en Angola et au Nigeria. Aucun n’est exactement identique, mais ils sont très proches”, poursuit-il.

La demande pour le pétrole de ces pays a bondi depuis le début de la crise, poussant les prix vers le haut. Le brut nigérian de référence, le “Bonny Light” et le “Sahara Blend” algérien s’échangent désormais respectivement à 3,40 dollars et 2,85 dollars de plus que les cours de référence à Londres, où le baril évolue autour de 115 dollars.

“Le Nigeria pompe tout ce qu’il peut” pour répondre à la demande, a rapporté Mike Fitzpatrick, analyste à la firme de recherche Kilduff Report.

Ces pays ne sont pas sans risques: l’Algérie a connu des manifestations qui ont poussé les autorités à promettre des réformes et à lever fin février l’état d’urgence. Au Nigeria, où les installations sont régulièrement la cible de groupes rebelles, des élections générales sont prévues en avril.

Selon les analystes, les répercussions du conflit libyen sont restées pour l’instant limitées, parce que les raffineurs utilisent les réserves existantes. Mais en cas de crise prolongée, ils pourraient devoir se résoudre à traiter du brut plus lourd, à un coût plus élevé.

Le département américain de l’Energie s’est récemment inquiété des conséquences de cette adaptation des procédés de raffinage, qui risque d’intervenir au moment où les industriels pétroliers accélèrent leur production de carburants en préparation de l’été, période de forte consommation aux Etats-Unis.

Quelles que soient les implications sur le plan technique, les prix à la pompe s’envolent déjà, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis.