Tunisie : Les Tunisiens sont-ils politiquement au centre?

Après le premier mené par Sigma Conseil, en février, le sondage d’opinion réalisé par General Management Services (GMS), le bureau d’études dirigé par Mme Alia Hachicha, fera probablement lui aussi date. Car il renvoie aux Tunisiens l’image assez exhaustive et précise de leur relation au politique –hommes, partis, idéologies, etc.

Les 1.060 sondés ont d’abord été appelés à dire ce qu’ils pensent de la politique en général. A la question de savoir «la politique, comment cela vous parle, comment cela vous touche?», ils ont été 40% à dire que cette «matière» les «intéresse beaucoup» et une frange encore plus importante (48%) que son intérêt se manifeste «dans les grandes occasions» (élections, remaniement, etc.) –alors que 12% sont absolument indifférents (cela ne dit rien du tout).

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Les Tunisiens, en pleine maturité et activité (44-55 ans), sont les plus portés sur la politique (50%), alors que les plus jeunes (18-25 ans) sont les intéressés (35,10%).

Invité à classer 8 thèmes, les 1.060 sondés ont dans 70% des cas place la sécurité en tête de leurs priorités. Viennent ensuite «résorber le chômage» (50,50%), «la mise en place de la démocratie» (40,20%), «développer l’équilibre entre les régions» (35%), le «respect des droits de l’homme» (34,30%), l’«indépendance de la justice» (29,80%), et la «poursuite de ceux qui ont profité de la dictature» (23,60%), et la «liberté de presse» (16,50%).

Concernant les hommes politiques, les Tunisiens en ont une image contrastée, voire un peu brouillée. Si une majorité (59,18%) concède aux hommes politiques qu’ils connaissent bien la situation économique et sociale des Tunisiens, sont «conscients mais ne sont pas en mesure d’agir» (54,32%), ceux-ci sont divisés sur le fait de savoir si ces hommes sont à l’écoute des jeunes (42,95% d’accord, 43,34% pas d’accord et 13,71% sans opinion), sont «guidés par des forces étrangères» (40,82% d’accord, 37,41% pas d’accord, et 21,77% sans opinion) ou par des «hommes de l’ancien régime (28,86% d’accord, 45,58% pas d’accord et 25,56% sans opinion).

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82,92% connaissent le nom d’au moins une personnalité politique et 17,08% n’en retiennent aucun. Dans ce registre, le «Top of Mind» -c’est-à-dire les personnalités dont les noms viennent spontanément en premier- est constitué notamment de Béji Caïd Essebsi (17%), Rached Ghannouchi (13,24%), Néjib Chebbi (10,83%) et Mohamed Ghannouchi (9,57%). Et ce sont les mêmes qui ont la plus forte notoriété spontanée, avec dans le même ordre et respectivement: 40,97%, 37%, 35,17% et 28,41%.

Au classement des personnalités politiques «les honnêtes et les plus crédibles», le Premier ministre est également en pole position (34,39%), devant Farhat Rajhi (12,07%), Mohamed Ghannouchi (10,15%), Nejib Chebbi (8,05%), Mustapha Ben Jaafar (6,99%), Rached Ghannouchi (6,90%), etc.

A l’inverse, le chef du mouvement Ennahdha se trouve en tête pour ce qui des «personnalités politiques dont vous vous sentez le plus éloigné» (23,64%), suivi de Hamma Hammami (18,37%), les deux se trouvant loin devant Foued Mbazaa (8,33%), Nejib Chebbi (7,75%), Ahmed Brahim (7,18%), Moncef Marzouki (6,51%), etc.

Une appréciation qui semble trouver écho dans le positionnement politique. En effet, 45% des Tunisiens disent se situer au centre, contre 14% plutôt à droite, 8% plutôt à gauche, 2% très à droite, 1% très à gauche et 30% sont sans opinion.

Pour ce qui est du type du régime, 41% sont pour le parlementaire, 39% pour le semi-présidentiel (mixte), 16% pour le présidentiel alors que 4% n’ont pas d’opinion.

Quels sont les partis politiques que vous connaissez? Les réponses à cette question démontrent que 69,54% des Tunisiens connaissent le nom d’une formation politique au moins et que près du tiers (30,46%) n’en connaissent aucun.

Lorsqu’ils sont invités à dire spontanément quels partis ils connaissent, les Tunisiens citent en premier et dans l’ordre le RCD (20,04%), Ennahdha (17,91%), le PDP (12,20%) –alors que cinq autres partis arrivent loin derrière (MDS, Ettajdid, Ettahrir, PCOT et FDTL) dans une fourchette de 2,42 à 1,35%. Et bizarrement, même l’UGTT est citée comme parti politique, ce qui prouve que la centrale syndicale renvoie une image brouillée de son rôle et de sa mission.

Mais en termes de notoriété spontanée, c’est Ennahdha qui arrive en premier (46,76%), suivi, loin derrière, du RCD (28,75%), du PDP (28,07%), d’Ettajdid (16,17%), du PCOT (13,55%), etc. Néanmoins, les Tunisiens semblent très éloignés des partis politiques: 96% des sondés n’appartiennent à aucune formation. Et si 62% disent vouloir participer à la vie politique (contre 28% de non et 10% d’indécis), une très large proportion (71,40%) pense que le meilleur moyen de le faire consiste à voter aux élections présidentielle et législatives.

Par contre, ceux qui ont l’intention d’adhérer à un parti politique opteraient pour Ennahdha (13,76%), le PDP (12,31%), le FDTL (5,07%), El Watan (4,34%), etc..