ée (Photo : Martin Bureau) |
[30/03/2011 07:13:00] PARIS (AFP) Nicolas Sarkozy ressort mercredi son costume de président du G20, remisé depuis plusieurs semaines pour cause de catastrophe au Japon et d’intervention militaire en Libye, avec l’ambition d’esquisser en Chine le brouillon d’une réforme du système monétaire international.
Au lendemain de la lourde défaite de la droite aux cantonales, cette visite chinoise ne pouvait pas mieux tomber. Mis en difficulté dans son propre camp, donné battu en 2012 parfois même dès le premier tour, le chef de l’Etat entend y cultiver la fameuse “image présidentielle” après laquelle il court pour enrayer sa dégringolade dans les sondages.
Avant d’ouvrir jeudi à Nankin (sud-ouest) un séminaire de ministres et d’experts consacré aux monnaies, Nicolas Sarkozy fait étape mercredi à Pékin pour un entretien et un dîner avec son homologue chinois Hu Jintao.
L’occasion d’évoquer la réforme du système monétaire international que le patron du G20 a inscrit en tête de ses priorités, bien sûr, mais aussi de passer en revue l’actualité internationale, à commencer par l’opération militaire internationale en cours en Libye.
Rétive à toute ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain, la Chine n’a renoncé à mettre son veto à la résolution de l’Onu autorisant la force contre le régime libyen qu’avec réticences. Sitôt l’opération engagée, les autorités ont déploré les bombardements et, depuis, la presse officielle se déchaîne contre les Occidentaux, France en tête.
La semaine dernière, le Quotidien du Peuple a même soupçonné Nicolas Sarkozy de pousser les feux contre le colonel Kadhafi pour des raisons électorales. “Si la France peut conduire la guerre en Libye d’une manière favorable, alors le parti pourra regagner la confiance du peuple, ce qui sera crucial pour l’élection” de 2012, a décrypté le journal. Selon son entourage, le chef de l’Etat compte donc plaider devant M. Hu la cause de l’intervention militaire et lui présenter la “solution” politique qu’il envisage, avec les Britanniques, pour l’avenir de la Libye.
Nicolas Sarkozy s’est fixé un autre objectif ambitieux, jeudi à Nankin, l’ancienne capitale impériale chinoise. Devant les ministres des Finances des pays du G20, leurs gouverneurs de banques centrales et un parterre d’experts, il veut discuter des bases d’un nouveau système monétaire mondial. Nourrie par les réticences déjà exprimées par les uns et des autres, la France joue, sur ce dossier, la carte de la modestie.
Aucune “conclusion” ou “décision” ne sortira donc du séminaire chinois, insiste-t-on à l’Elysée, “il s’agit simplement d’arriver à un diagnostic commun sur les atouts et les déficiences de l’actuel système monétaire et de dessiner les pistes et une feuille de route des réformes que pourrait adopter le G20”.
Malgré sa prudence, la France insiste sur la “pertinence” de sa priorité et en veut pour preuve le “casting” prestigieux réuni à Nankin. Entre autres têtes d’affiches, le chef de l’Etat y croisera le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner et le patron du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, son possible rival socialiste en 2012.
Comme il l’avait souhaité, le président pourrait profiter de sa visite en Chine pour faire un crochet par le Japon et y manifester la solidarité des pays du G20 après le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars.
D’abord écarté compte tenu de la crise nucléaire, ce scénario a été ressuscité ce week-end par des indiscrétions du quotidien japonais Asahi Shimbun. “Aucune date n’a été fixée”, a répété lundi l’Elysée, sans toutefois démentir un éventuel passage présidentiel au pays du soleil levant…