Espionnage : le numéro 2 de Renault tente de justifier les erreurs du groupe

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éro deux de Renault, Patrick Pélata, à Paris le 30 avril 2010 (Photo : Lionel Bonaventure)

[30/03/2011 10:22:48] PARIS (AFP) Le numéro deux de Renault, Patrick Pélata, justifie la décision de licencier en janvier trois cadres soupçonnés à tort d’espionnage industriel par la nécessité pour le constructeur de réagir vite et fort “au risque de l’injustice”.

L’entreprise “n’a ni les moyens de la justice ni ceux de la police, mais doit se protéger dès que le risque est élevé. Au risque de l’injustice”, a-t-il affirmé dans un message au personnel posté le 17 mars sur le site intranet du groupe, et que la CGT a rendu public.

“Le risque était très gros pour Renault si l’affaire était vraie, et (…) nous agissions sur la foi de renseignements que nous ne pouvions recouper”, fait valoir M. Pélata.

“Nous faisions donc confiance à notre directeur du service de sécurité sans savoir que lui-même avait insuffisamment vérifié ce que lui disait son enquêteur”, ajoute le directeur général délégué de Renault.

“Il n’y a malheureusement pas symétrie entre la confiance et la défiance dans une entreprise (…) Nous sommes devenus défiants, vis-à-vis de deux puis trois de nos cadres placés dans une position clef dans l’entreprise; des cadres en qui, c’est incontestable, l’entreprise et moi-même avions eu confiance pendant des années”, poursuit-il.

Avec cette affaire, “le personnel de Renault, surtout en France et dans l’ingéniérie, est ébranlé”, reconnaît M. Pélata, qui s’engage à une “amélioration des pratiques managériales”.

Dans un tract accompagnant le document qu’elle publie, la CGT a dénoncé un argumentaire “inadmissible”.

“Vous ne dites pas autre chose que l?entreprise est en dehors des lois et qu?elle peut elle-même faire sa propre justice. C?est gravissime et malheureusement révélateur de votre conception de l?entreprise”, rétorque à M. Pélata le premier syndicat du constructeur.

Renault et son PDG Carlos Ghosn ont fait leur mea culpa et innocenté le 14 mars les cadres licenciés à tort, en reconnaissant que l’affaire était probablement montée de toutes pièces. Mais l’Etat, premier actionnaire du groupe (15%), a laissé entendre que des dirigeants allaient devoir tomber.

Un responsable de la sécurité de Renault, Dominique Gevrey, est incarcéré depuis le 13 mars et soupçonné d’escroquerie au renseignement.