Brittany Ferries, créée par des paysans bretons, veut résister à la crise

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Des navires de la compagnie Brittany ferries dans la baie de Saint-Malo le 31 octobre 2010 (Photo : Damien Meyer)

[30/03/2011 11:50:10] ROSCOFF (AFP) La compagnie maritime française Brittany Ferries, née de la volonté d’un agriculteur breton visionnaire, poursuit son développement en renforçant ses lignes entre le sud de la Grande Bretagne et l’Espagne, malgré la crise qui a fait reculer ses résultats en 2010.

Le lancement, cette semaine, d’un nouveau ferry sur la liaison Portsmouth-Bilbao “concrétise un investissement positionné sur l’Espagne où notre clientèle est à 95% Britannique”, explique Jean-Marc Roué, le président de la compagnie.

Objectif: conserver l’héritage de l’entreprise finistérienne, premier employeur de marins français, résister à la chute du nombre de passagers en baisse depuis deux ans (-1,6% en 2010).

Créée en 1972, la Brittany Ferries est un armement atypique monté de toute pièce par des agriculteurs du nord Finistère, à l’origine pour exporter vers la Grande-Bretagne leur production de légumes.

A l’époque, aucun opérateur privé ou institutionnel n’y a cru. A défaut d’investisseur, ce sont donc les agriculteurs bretons, emmenés par Alexis Gourvennec alors président de la coopérative agricole SICA de Saint-Pol-de-Léon, qui apporteront la mise initiale.

Trente-neuf ans plus tard, la Brittany Ferries arme neuf navires et emploie près de 2.500 salariés. Elle dessert la France, la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Espagne (2,269 millions de passagers en 2010) en restant fidèle au souhait de son fondateur: tous ses bateaux battent pavillon français et les marins sont Français.

Comme l’exige ses statuts, la Brittany Ferries est toujours dirigée par un agriculteur: Jean-Marc Roué, 43 ans, producteur de légumes à Plougoulm, a succédé en mars 2007 à son emblématique fondateur et premier président.

Les producteurs de la coopérative de Saint-Pol-de-léon, eux, tablent plutôt sur le ferroviaire dans un contexte de concurrence généralisée. La Brittany, elle, se concentre sur le trafic de passagers.

Cependant, la crise financière de 2008 s’est répercutée sur les traversées entre la Grande Bretagne et la France en Manche nord (Roscoff, Saint-Malo, Cherbourg et Caen) avec une baisse de près de 5% en 2010 sur des lignes où plus de 80% des clients sont Britanniques.

En 2010, le fret de véhicules industriels, toutes lignes confondues, accuse également une baisse 2,9 % à 189.400 contre 194.962.

En revanche, le chiffre d’affaire consolidé de la compagnie est stable à 344,4 millions d’euros mais l’entreprise affiche un déficit comparable à 2009, de 5,6%.

Pour se relancer, la Brittany Ferries a fait le pari de l’Espagne. La demande est en forte hausse depuis 2004 pour cette destination et ce mode de transport prisés Outre-Manche.

“Il faut arriver à convaincre les Britanniques de prendre le ferry avec leur voiture pour une traversée longue”, relève le responsable de la stratégie et du marketing de la compagnie, Chistophe Mathieu.

Construit en 2001, le Cap Finistère, le plus grand ferry de la compagnie (203 mètres), acheté 81 millions d’euros en 2010 à la compagnie grecque Attica, fera trois allers-retours par semaine sur cette ligne, explique Jean-Marc Roué qui espère atteindre la barre des 250.000 passagers fin 2011 sur les lignes en direction de l’Espagne.

Le ferry, qui peut accueillir 1.500 passagers et près de 200 véhicules dont une centaine de camions, effectue la liaison entre Portsmouth et Bilbao en 24 heures ou 21 heures entre Roscoff et Bilbao.