L’Irlande annonce la nouvelle facture pour renflouer les banques

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à Bruxelles le 14 mars 2011 (Photo : John Thys)

[31/03/2011 11:10:18] DUBLIN (AFP) L’Irlande s’apprêtait jeudi à découvrir le montant de la nouvelle rallonge nécessaire pour renflouer ses banques, qui pourrait dépasser les 20 milliards d’euros et obliger le gouvernement à parachever la nationalisation du secteur bancaire.

Les résultats, attendus avec anxiété par les marchés financiers européens, doivent être annoncés en fin d’après-midi par la Banque centrale d’Irlande.

Ils seront suivis d’une intervention devant le Parlement du ministre des Finances Michael Noonan qui fera le point sur un désastre national qui semble ne plus avoir de fin.

Quatre établissements — Allied Irish Banks (AIB), Bank of Ireland (BoI), IL&P et EBS — ont été testés afin d’évaluer les capitaux dont ils auraient besoin pour surmonter de nouvelles pertes issues de leur montagne de prêts toxiques si des scénarios “extrêmes” venaient à se réaliser, comme un nouvel effondrement du marché immobiliers.

Signe de la nervosité ambiante, la cotation des trois groupes présents à la Bourse de Dublin (AIB, BoI et IL&P) a été temporairement suspendue dans l’attente des conclusions.

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à Dublin, le 16 janvier 2011 (Photo : Peter Muhly)

La perspective d’une nationalisation de facto de tout le secteur après l’injection de nouveaux capitaux par l’Etat avait commencé à faire s’écrouler leurs cours.

Un des principaux enjeux est de savoir si la rallonge annoncée sera inférieure aux 35 milliards d’euros prévus pour les banques dans le plan d’aide de 85 milliards conclu à l’automne avec l’Union européenne et le Fonds Monétaire international (FMI).

Après des rumeurs alarmistes, les dernières estimations parues dans la presse tablent sur une fourchette de 18 à 23 milliards d’euros.

Le chef du Fonds européen de stabilité financière Klaus Regling a estimé, dans un entretien publié jeudi en Allemagne, que l’enveloppe existante “suffira probablement”.

Les tests de résistance pourraient contraindre l’Etat à prendre le contrôle d’Irish Life & Permanent (IL&P), dernière banque importante du pays encore totalement privée.

L’Etat irlandais a englouti 43 milliards d’euros dans le sauvetage du secteur bancaire -l’équivalent de plus du quart de la richesse annuelle du pays- et la facture devrait donc grimper jeudi à plus de 60 milliards.

Déjà totalement nationalisée, et non incluse dans les nouveaux tests, Anglo Irish Bank a reçu à elle seule 29,3 milliards d’euros pour éviter le naufrage. Elle a annoncé jeudi avoir perdu 17,7 milliards en 2010, un gouffre aux frais des contribuables.

Autre enjeu majeur: le gouvernement irlandais pourrait annoncer un “partage du fardeau” avec les investisseurs privés détenteurs d’obligations des banques concernées.

Selon la Banque centrale d’Irlande, plus de 16 milliards d’euros d’obligations seniors ne sont pas garanties et pourraient donc être concernées.

Mais cette solution est combattue par les partenaires européens de Dublin qui craignent que les marchés n’y voient un précédent pour les autres pays en difficulté de la zone euro.

Or Dublin négocie actuellement avec Bruxelles un assouplissement des conditions du plan de sauvetage de l’île et réclame un nouveau coup de pouce de la Banque centrale européenne (BCE), qui aide depuis des mois les banques irlandaises à boucler leurs fins de mois.

Le gouvernement irlandais souhaiterait que cette aide d’urgence soit transformée en financement à moyen terme, ce qui donnerait un ballon d’oxygène aux banques. Mais avant de faire un tel geste, la BCE exige que Dublin accélère la recapitalisation et la restructuration du secteur.