La Bundesbank abusée par un réseau de faux-monnayeurs

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euros et de centimes (Photo : JEAN-PIERRE MULLER)

[31/03/2011 14:33:11] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) La banque centrale allemande a été abusée pendant plusieurs années par un réseau de faux-monnayeurs dont les ramifications allaient jusqu’en Chine, avec la complicité de salariés de la compagnie aérienne Lufthansa, a révélé jeudi le parquet de Francfort (ouest).

C’est le poids anormalement élevé du bagage d’une hôtesse de l’air qui a mis la puce à l’oreille des douaniers de l’aéroport international de Francfort début 2010.

Selon le quotidien Bild-Zeitung qui narre l’épisode jeudi, ils y ont découvert plusieurs milliers de pièces très abîmées de 1 et 2 euros, poussant le parquet et la police contre le crime organisé à ouvrir une enquête.

Ces investigations ont abouti à des perquisitions mercredi dans la région de Francfort, au cours desquelles six personnes, dont quatre d’origine chinoise, ont été arrêtées.

Elles sont soupçonnées d’appartenir à un réseau de fausse monnaie qui a dupé la Bundesbank, réussissant à lui soutirer six millions d’euros.

La banque centrale allemande est la seule en Europe à permettre gratuitement à toute personne le réclamant d’échanger de vieilles pièces en euros abîmées contre un montant équivalent, selon le parquet.

Pour s’approvisionner en matière première, les trafiquants auraient récupéré la vieille monnaie usagée de la Bundesbank, partiellement transformée en ferraille puis vendue aux enchères par une société fiduciaire de l’Etat fédéral, la VEBEG.

“En principe tout le monde peut participer à nos enchères sur internet. Nous fonctionnons comme un site de vente en ligne de biens publics”, a expliqué à l’AFP Volkmar Kunert, le fondé de pouvoir de la VEBEG.

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ésident de la Bundesbank, Axel Weber, le 31 mars 2011 lors du congrès bancaire allemand à Berlin (Photo : Johannes Eisele)

“Il faut compter en moyenne entre 5.000 et 10.000 euros pour acheter une tonne de cupronickel”, l’alliage de cuivre et de nickel qui compose les euros, a-t-il précisé. Il a cependant refusé de dévoiler combien de tonnes de rebus d’euros sont vendues par an.

“Nos clients sont surtout des commerçants de métaux en Allemagne et à l’étranger, mais pas directement de Chine”, a-t-il ajouté.

C’est pourtant là qu’échouait une partie de la ferraille de la Bundesbank, disent les enquêteurs. Elle y était “reconstituée” en monnaie, avec des défauts volontaires pour ressembler à des pièces authentiques cabossées, selon eux.

Restait à renvoyer les pièces en Allemagne pour les échanger à la Bundesbank. Pour ce faire, les criminels avaient notamment quatre complices parmi le personnel de bord de Lufthansa, soupçonnent les enquêteurs.

Les bagages des hôtesses de l’air et des stewards n’étant pas limités en poids, le transport des pièces était ainsi plus aisé qu’avec de simples passagers, a expliqué le parquet.

Un porte-parole de la compagnie aérienne allemande a confirmé à l’AFP que “plusieurs salariés” faisaient l’objet d’une enquête du parquet, sans donner plus de détails.

Ensuite, les faux-monnayeurs ou leurs complices se présentaient à la Bundesbank, qui ne soupçonnait rien. “De vraies pièces étaient glissées dans le lot” pour paraître crédible lors des contrôles, selon les enquêteurs.

Entre 2007 et novembre 2010, 29 tonnes de fausse monnaie auraient été échangées pour une valeur de 6 millions d’euros, estiment les enquêteurs.

Dans un communiqué sobre, la Bundesbank s’est contenté d’assurer que l’enquête ne visait aucun de ses salariés.

Ce scandale tombe mal pour la banque centrale, après que les médias allemands eurent révélé cette semaine qu’elle servait d’intermédiaire dans des transactions commerciales entre l’Inde et une banque iranienne installée à Hambourg (nord), au grand dam de Washington.